Ayant vu et apprécié l’anime éponyme il y a déjà un certain temps (2008, ça commence à dater), je ne me suis mis au manga que dernièrement, en cherchant une nouvelle série à débuter. Je dois dire que je ne regrette pas mon choix et c’est avec un plaisir renouvelé que je me suis plongé dans le quotidien de ce petit club de kendo d'un lycée de banlieue.
Par rapport à l’anime, le manga n’apporte pas de grandes nouveautés : les combats sont traités avec sérieux et réalisme, sans qu’on vire aux affrontements de samouraï dignes de n’importe quel shonen de base. L’essentiel de l’action se déroule comme on peut s’y attendre durant les entraînements dans le dojo de l’établissement scolaire fréquenté par les protagonistes. Durant ces sessions, on suit au fil des jours l’évolution et les progrès des membres du club, tant sur le plan sportif que personnel. Car grâce à ce sport nécessitant mine de rien un investissement important (ne serait-ce que pour le matériel), chacun des adolescents va trouver une motivation personnelle (parfois étrange) de continuer et une manière de combler certaines lacunes de leur personnalité, bref ils vont peu à peu s’ouvrir à leur camarades jusqu’à former un groupe particulièrement soudé.
Outre les entraînements, on assistera à plusieurs rencontre plus ou moins officielles entre clubs de différents lycées. Celles-ci seront l’occasion pour tous de se confronter à de nouveau adversaires (pas toujours fair-play, voire carrément retors), de juger l’avancement de leur technique et d’envisager le kendo sous un jour nouveau auquel ils n’avaient pas forcément pensé.
Enfin, on suivra certains d’entre eux dans leur vie habituelle, afin de voir comment la pratique en groupe d’un sport de combat peut influer sur leurs habitudes et les aider à passer un certain cap dans leur vie (trouver un petit boulot, résoudre certains problèmes familiaux, scolaires ou sentimentaux…). Ce sera également l’occasion de rencontrer de nouvelles têtes qui n’ont parfois qu’un lien ténu avec l’activité sportive décrite ici.
Tout comme l’anime, le manga s’appuie essentiellement sur 2 ingrédients. En premier lieu il y a bien entendu les affrontements, mis en scène de manière crédible avec un graphisme net et soigné, qui ne s’embarrasse pas de détails superflus. Ils ne manquent pas de rythme et l’on peut ressentir toute la violence des coups portés avec plus ou moins de succès aux différents opposants. Bien sur on pourra regretter une dramatisation un peu exagérée, surtout passé la moitié de la série, mais j’ai trouvé qu’elle permettait justement d’offrir une lecture plus originale que de simples matchs entre lycéens.
La mise en scène insiste essentiellement sur la nécessité de concentration et de pratique régulière inhérente au kendo. Faute d’entraînement, plusieurs bons éléments croisés en cours de route finissent par perdre leurs acquis et se font même battre par de jeunes débutants motivés. Même les futurs champions apprendront tôt ou tard qu’on finit toujours par croiser plus fort que soi, que chacun peut avoir un moment de faiblesse et que bien que primordiale, la technique ne fait pas tout.
Le deuxième atout du manga, c’est son humour. Chaque personnage réserve régulièrement des surprises qui ne manqueront pas de faire sourire le lecteur. Qu’il s’agisse du professeur fauché qui n’hésite pas à se servir dans les plateaux repas de ses élèves, de la jeune prodige passionnée par les animes ou encore du petit couple dont on se demande encore comment ils ont pu finir ensembles, on ne peut qu’admettre qu’on se retrouve face à de sacré numéros. Il est d’ailleurs surprenant de voir à quel point ces jeunes gens enthousiastes, parfois exubérants, parviennent (pas toujours remarquez) à dominer leurs mauvais penchants et à rester concentrés lors des duels qu’ils livrent. Cette différence particulièrement marquée d’atmosphère avant, pendant et après les combats offre ainsi un contraste saisissant et attractif dans l’histoire et son développement.
La série n’est cependant pas exempte de défauts, le premier étant clairement sa conclusion. Elle n’est pas mauvaise en soi, mais arrive un peu trop rapidement (moi même j’ai été surpris en lisant le mot « fin » au quatorzième tome) alors qu’il y avait potentiellement de quoi suivre encore pendant un petit moment les aventures de ce club et de son professeur.
On regrettera aussi que la plupart des personnages secondaires ne refassent pas davantage parler d’eux par la suite, alors qu’ils pouvaient parfaitement s’intégrer au scénario.
Enfin, à la lecture, on pourrait presque se convaincre que le kendo au Japon est majoritairement une activité féminine. Comprenez que les garçons sont très peu présents et les rares qui nous sont montrés jouent essentiellement les faire-valoir de leurs camarades. De l’aveu du scénariste, son but était avant tout de mettre en scène de jeunes demoiselles dans un récit basé sur le kendo. Même si on peut comprendre ce point de vue et reconnaître que l’objectif est pleinement réussi, un peu plus de présence masculine sur le devant de la scène n’aurait pas été une si mauvaise chose.
Vous l’aurez compris, Bamboo Blade est pour moi un petit coup de cœur en ce début d’année. Grâce à ses qualités (graphisme soigné, humour rafraîchissant et affrontements réalistes), il se présente à mes yeux comme une production digne de figurer dans n’importe quelle bibliothèque. Je n’irais pas jusqu’à dire que c’est un indispensable, mais pour autant il serait dommage de s’en priver.