Il n'est pas dans mes habitudes de critiquer une œuvre qui est loin d'avoir dévoilée tout son jeu.

Mais pour ce manga, soyons franco, on va faire un petit écart.

Beelzebub, on débute le manga pensant rencontrer le bête shonen. Le truc comestible qui passe le temps, qui nourrit l'animal, sans plus, et après il repart en chasse. Pourtant, ce manga se révèle bien plus savoureux que le steak-frite habituel.

Avec une approche classique, surtout présentant un graphisme peu orignal, voir un peu laid, un découpage simpliste, Beelzebub ne s'annonce pas comme la révélation. Pourtant en poursuivant l'aventure, on voit la différence par rapport à la masse. Ce manga est ancré dans son temps. N'utilisant que peu les stéréotypes récurrents, ou plutôt se servant des plus connus, Beelzebub ne va pas nous surprendre, il est vrai, mais nous emporter d'une manière plus addictive, ou plus puissante que ses divers concurrents qui ont du (ou su) jouer la carte soit de l'originalité ou de la passion.
Il vaut mieux réussir du pas top que de gâcher du grandiose.

Beelzebub de son côté ne va pas s'essayer à l’esbroufe, ni les paillettes, juste nous montrer une bête histoire de bastons de lycéens comme les japonais savent tant bien les faire. Mais tout comme Toru Fujisawa a réussit avec Shonen Junai Gumi à faire un manga décrivant son époque au travers de bastons de gangs, Beelzebub s'y essaie en plus en se frottant au fantastique.

Car à partir d'un concept complètement absurde, le manga ne va pas s'arrêter là et mêler le n'importe quoi avec en plus une crédibilité de caractère. Ce qui donne lieu à une galerie de personnages pas forcément atypiques mais d'un coup plus palpables, car plus identifiables. Confrontés à des événements fantastiques nos divers héros vont en jouer et l'accepter continuant à construire leur vie autour. Et on retrouve de la school-life des plus classiques, mêlé à du manga de baston de lycéen, dans un grand melting pot confus parfois mais fort jouissif, tout ça à la sauce démoniaque.

Cela du aux personnes vivant cette aventure. Les personnages qui vivent cette histoire sont, comment dire, ils sonnent juste quoi. On ressent bien qu'à leur âge plongés dans leurs univers, habitués à l'absurde de ce monde, la sur-communication, cet univers déjanté auquel ils sont confrontés, en devient naturel. Non, le mot n'est pas correct, ils s'y font et en cela, montrer leur adaptation, leur réaction, leur interprétation, c'est en presque hilarant.

L'auteur joue bien de tous ces aspects, son héros, est, il est vrai, fort classique, mais son entourage est loin de l'être. Il n'est que le prétexte à cette histoire, élément moteur, il se devait de mener ce petit monde et on l'en remercie.

Ce manga n'est pas un must, c'est sur, mais de part une interprétation un peu innovante du genre, il s'impose presque comme une nouvelle référence. Renouant avec l'ancien, il amène un souffle de fraîcheur dans l'univers parfois bloqué et classique que représente le shonen manga. Je n'annonce pas la révolution mais un début. Car avec ce manga, plus proche de son époque que beaucoup d'autre, actuel, répondant à certaines questions et amenant certaines réponses (l'univers familiale des héros shonens, souvent négligé, en somme un quotidien plus crédible et bien d'autres éléments encore). Ca se lit avec plaisir.
Finalement on ne recherche plus vraiment la nouveauté, trop peu présente dans l'univers de la japanimation mais plutôt le divertissement simple et efficace. Beelzebub y répond, en nous offrant un manga certes classique mais différent, une presque alternative, une chance d'échapper à ce cercle infernal.

20/02/14
Manga terminé, la critique reste la même. Beelzebub se termine comme il a commencé, dans ce plaisir absurde et bonne enfant. C'est moi qui remercie l'auteur d'avoir su quand s'arrêter, de m'avoir fait bien rire. Jamais une baisse de tension, toujours un agréable moment passé en ta compagnie.