Quelle bonne surprise que ce manga !
En allant chercher à ma bibliothèque municipale les tomes de Monster pour une collègue ne les ayant pas lus (quelle honte), je suis tombée sur les nouvelles acquisitions du rayon manga, dont L’île du Temps faisait partie.
J’ai rapidement regardé la couverture (un visage camouflé sous des bandages avec un peu de sang, parfait) et le nombre de tomes (damned, un one-shot, parfait aussi) et j’ai aussitôt décrété qu’il méritait ma lecture.
Côté histoire, nous suivons l’équipe de tournage d’Air Forcé – qui n’est pas sans rappeler les Grave Encounters – qui débarque sur l’île de Yagô, sujette à différentes légendes urbaines. L’une d’entre elles en particulier (car plusieurs seront relatées dans le manga) nous parle d’une espèce de lac souterrain qui fait bondir dans le temps de cinq années dans le futur quiconque plonge dedans. Bon, c’est un peu bancal, surtout quand on voit la différence entre le bond dans l’espace concrétisé durant les premières pages, et celui expliqué plus tard. Mais on n’est pas là pour critiquer le réalisme du surnaturel (alors la cohérence dans une histoire comme ça n’en parlons pas), donc passons. Air Forcé et ses neuf membres (animatrice, actrice, assistant de production, ingénieur son, réalisateur, j’ai pas tout retenu) commencent à installer leurs quartiers quand Jun (l’assistant de production) fait tomber l’un de ses téléphones portables dans un lac. Clairement, on comprend que c’est un lac plus tard (et même el famoso lac), en vrai on dirait juste une flaque d’eau. Il reçoit peu de temps après un mail sur son autre téléphone, provenant du premier. Vous suivez ? Parce que c’est important. Le message est envoyé de la part d’un individu dont le visage est caché par de larges bandages et qui déclare être l’unique survivant d’Air Forcé, suite à une série de meurtres ayant eu lieu sur l’île de Yagô pendant leur reportage. Il y a cinq ans donc. Cette personne avertit Jun qu’ils vont mourir un par un, sans pour autant savoir qui est le tueur (en raison de problèmes de mémoire qui tombent plutôt bien pour le scénario) et qu’il devrait se méfier de ses collègues. L’individu masqué explique dans le même temps qu’il n’est plus bon à rien depuis lors car il a perdu des membres et des organes quand on a tenté de le tuer et qu’il serait mieux pour tout le monde que Jun parvienne à empêcher tous ces meurtres.
Voilà, le décor est planté et vous devez vous dire « Mais quelle belle bouse que voilà ! ». Et vous pourriez avoir raison, car c’était également mon avis jusqu’à la moitié du manga. Un énième remake de Judge & co ou des 10 Petits Nègres ? Je ne parvenais pas à me détacher de cet apriori qui avait toute raison d’exister dans mon esprit. La résolution de l’histoire peut sembler logique une fois qu’on l’a en face de soi, mais j’avoue être complètement passée à côté de beaucoup d’éléments de l’histoire, qui permettent pourtant d’arriver comme un grand à la conclusion avant qu’elle ne soit révélée.
Le dessin est plutôt agréable, pas trop chargé mais avec les détails nécessaires à la bonne compréhension de l’histoire dans son ensemble (un lac qui ressemble à une flaque d’eau reste négligeable, vous en conviendrez). Je pensais que le fait qu’il y ait neuf personnages importants était un trop grand nombre et je passais mon temps à essayer de retenir leur tête, mais tous n’ont pas la même longévité donc ce n’est pas un réel souci non plus.
J’ai du mal à déceler des qualités ou des défauts manifestes à ce manga. L’histoire de base qui consiste à faire mourir les protagonistes les uns à la suite des autres n’est pas une nouveauté. Pour autant, l’intégration du facteur fantastique dans un thriller qui se veut plutôt commun et réaliste est intéressante. Attention, je ne dis pas que c’est d’une grande originalité, mais cela permet d’aborder le problème (et les solutions) sous un angle différent. Bien sûr il y a des situations incongrues, voire complétement aberrantes, mais les réactions des personnages ne sont pas si étonnantes que cela avec la prise de recul nécessaire.
L’île du Temps n’est pas ce qu’on peut qualifier de chef d’œuvre mais il est une bonne porte d’entrée pour les personnes appréciant moyennement les mangas d’horreur / thriller. Pour ceux qui ont l’habitude de ce genre de lecture, il sort du cadre de ce qui a pu se faire depuis quelques années déjà. L’ouvrage est plaisant dans son ensemble et l’auteur a su limiter en un tome (avec pas mal de pages quand même) une histoire qui parvient à susciter l’intérêt et bon nombre de questionnements, qui trouveront leurs réponses au fil du texte.