Qui est déjà, l'auteur de cette phrase : "l'homme est bon par nature" ?
C'est un euphémisme que de dire que ce manga a de quoi le faire oublier.
Ce qui est sûr, ce que ce n'est pas Samura Hiroaki. Je voulais me pencher sur une autre de ses œuvres, plus longue qu'Emerald, et moins que l'Habitant de l'Infini. Ce que je ne réitérerai pas avant longtemps, histoire de digérer le choc.
D'accord, je suis sensible de base, et je suis une femme - facteur qui doit encore accroître l'empathie avec les victimes. Eh bien ce fut une lecture quasiment insoutenable. Je n'adhère pas à la curiosité malsaine ou morbide d'ordinaire, mais la maîtrise du dessin et de la narration sont telles que je suis allée jusqu'au bout de cet enfer.
Point de larmes ici, rien que du dégoût. Les tragédies antiques n'étaient pas écrites pour faire pleurer mais pour frapper d'horreur les spectateurs. L'analogie avec ce manga est de mise. Sauf que, si la simple lecture des longs vers d'un Œdipe-Roi, avec ses violences - meurtre, inceste, épidémie e tutti quanti - ne risquent pas de vous faire trembler d'effroi, sans mise en scène ni réactualisation, celle de Bradherley no Basha a un terrible accent contemporain, et fait son office.
Des histoires horribles et implacables qui se suivent et se ressemblent, chacune racontée d'un point de vue différent et s'imbriquant dans un puzzle macabre. Celui d'une victime, d'un bourreau, d'un complice conscient ou inconscient, d'un témoin, sans que les limites entre les rôles ne soient toujours très claires. Résultat, une distribution et un découpage des scènes parfaits. Ajoutez un peu de faux espoir : ça y est, vous y êtes, tout au fond.
C'est véritablement à se pendre. Et ce parce que c'est excellemment bien mené.