En général, je ne fais pas de critique sur les mangas qui m'ont paru moyens, corrects voire bons mais sans plus. Bien souvent ils ne me marqueront pas même si je me souviendrais du fil rouge de l'intrigue et de quelques personnages mais j'ai pas grand-chose à dire dessus. Du coup inutile d'assommer tout le monde (moi y compris) avec des tonnes de critiques sur chaque manga que je lis.
Mais avec Oh-Roh Den, c'est différent. Déjà le tandem derrière la série est prometteur : Kentaro Miura qu'on ne présente plus (Berserk) et Buronson (Hokuto no Ken, Sanctuary...). Avec Buronson je me méfiais, tout de même. Il est capable d'être très bon, comme dans Sanctuary, comme de pondre une histoire avec l'homme ultra viril qui défonce tout pendant que la (voire les) femme(s) admire(nt) et que les autres hommes s'inclinent. Regardez comme il est beau, regardez comme il est fort, mon personnage principal. C'est un peu ça, mais avec Kentaro Miura dont j'aime bien le trait, ça passe. Concernant l'autre raison, j'y reviendrais plus tard.
En attendant, à la fin du premier manga (Oh-Roh) on nous laisse sur la problématique du futur d'Iba, un jeune historien japonais devenu Gengis Khan en remontant le temps involontairement et son fils, Qubilai. Quant à sa femme et mère de l'enfant, elle a réussie à retourner dans le passé par le même moyen qui les a tous amenés au XIIIème siècle. Bref, rien de fou. Bien entendu, l'objectif de nos ouailles était de revenir au Japon du XXème siècle afin de retrouver une vie normale.
Eh bah non. Buronson décide que dans la suite, Iba en a plus rien à cirer de Kyouko (qui ? Ah oui sa femme) et du XXème siècle, même pas besoin d'en parler d'ailleurs. Non, le jeune Qubilai doit devenir un guerrier et un grand seigneur, pour respecter l'Histoire. Si encore les auteurs avaient pris du temps pour nous expliquer le raisonnement d'Iba, je veux bien. Mais là, non, ça sort du chapeau. Les combats sont sympas, le reste est crédible, mais ce point là gâche l'histoire à mon sens.
Et donc je reviens à la question de départ : pourquoi en faire une critique ? Sans doute parce que la première chose que je me suis dis après la lecture est "c'est quoi, un bon scénario de oneshot ?" Est-ce qu'il vaut mieux faire une histoire complète et concise ou exposer seulement une petite partie d'une histoire dont le début et la suite sont imaginaires ?
Les deux oneshots d'Oh-Roh me semblent être un bon élément de réponse. En choisissant de bien délimiter le début et la fin de l'histoire, il y a tout un contexte à créer. Donc vouloir faire complet et concis, c'est prendre le risque de se retrouver avec des éléments bâclés, surtout dans un oneshot. Quelle est la réaction des personnages après avoir remonté le temps ? Pourquoi respecter l'Histoire au péril de sa vie ? Quelles sont les motivations profondes d'Iba ? Que d'éléments qui ne sont peu ou pas exploités, ce qui donne un scénario assez terne.
A titre d'exemples, j'ai préféré des oneshots comme Bakemono Recchan d'Inio Asano ou encore Kansen Rettou de Kakizaki Masasumi. Dans le premier nous avons seulement un extrait de ce qui aurait pu représenter une histoire entière, tout cela dans le but de faire passer un message précis à un moment déterminé de l'histoire. Tandis que dans le second nous avons une histoire complète mais dont le contenu favorise un scénario concis via un vécu déjà existant entre les personnages pour favoriser le développement des relations humaines. Le contexte est déjà établi. Ainsi nous avons des éléments qui font office d'acquis et qui facilitent le développement d'un bref moment de l'histoire, le plus mouvementé en général. Inversement, dans Oh-Roh, une partie du contexte est un acquis, une autre est bâclée pour arriver à ce fameux bref moment de l'histoire qui constitue le coeur du oneshot.
Tout ça pour dire qu'Oh-Roh Den m'aura amener à définir ce qu'est, pour moi, un bon oneshot.