Le monde est cruel. Le monde est violent.
Le monde a pris le père de Thorfinn. Cet homme doux et si fort, Ce "Troll" aimable et aimant qu'il admirait plus que tout, est mort tué par un stratagème déloyal devant les yeux de son fils incrédule.
Or dans le monde des vikings, dans la vie de Thorfinn, la force, la violence et l'honneur imprègnent la société. Son père, cette force de la nature, le lui avait dit, pourtant, que personne n'a d'ennemis. Que la seule chose que l'on gagne à haïr, c'est de finir par se haïr soit-même.
Mais Thorfinn est un enfant. Un enfant qui a vu son père mourir devant ses yeux, tué traîtreusement. Alors il le jure, il va se venger. Plus besoin d'amour, plus besoin de chaleur, plus besoin d'un foyer. Car plus rien n'aura le même goût qu'avant. Il quittera tout, et enfouira sa douleur sous le sang et la mort. Il apprendra à tuer. Il apprendra à endurer, il taira tout ce qui pourrait rappeler le souvenir de cette douleur et de cet homme qui n'a pas eu le temps de lui apprendre à en devenir un.
Thorfinn est devenu fort. Thorfinn est devenu habile. Thorfinn est devenu le bras droit de l'homme qu'il a juré de tuer. Il a de nombreuses fois essayé de se venger. Mais Thorfinn a toujours perdu. Le meurtrier continue de vivre devant ses yeux, inatteignable. Car Thorfinn refuse de le tuer autrement que loyalement. Car il a toujours en lui cette petite braise presque éteinte, cette petite lueur, ce petit souvenir d'une vie droite, simple, sans haine et heureuse, avec un foyer et de la chaleur à l'intérieur.
L'homme est mort. Brutalement. Et maintenant, Thorfinn aussi. Il n'a pas 20 ans, mais il n'a plus de chaleur, plus d'amour, plus de but, plus d'endroit où tourner son regard. Thorfinn est vide, car il a abandonné tellement pour en arriver là. Tout, sauf cette petite étincelle toujours en lui. Cette petite étincelle dont il va falloir prendre soin, sur les braises de laquelle souffler doucement pour à nouveau la faire rougeoyer, et peut-être un jour la transformer en un brasier qui brûlera en lui, inextinguible, et qui le portera loin au delà des mers. Loin de ce monde de violence pour enfin comprendre les paroles de l'homme qu'il a perdu si tôt.
Vinland Saga, c'est ça. Mais c'est tellement plus. C'est un monde qui a existé et qui par la grâce et le talent sublime de Makoto Yukimura vit à nouveau, plus vrai que nature. C'est le sang et la mort, la rage furieuse de l'un des peuple les plus aventureux, conquérant et sans peur de tous les temps. C'est la vie et son cycle immuable qui commence et s'arrête sans cesse pour mieux recommencer, le blé qui pousse, parfois écrasé, mais qui finit toujours par donner des grains choyés par ceux qui l'ont fait pousser.
Ce sont des hommes qui ont choisi leur cap ou se laissent porter par les vagues. Ou les deux.
C'est le début d'une immense épopée, portée par un jeune homme qui n'a même pas 20 ans.
Et c'est l'un des plus beaux et riches manga que j'ai jamais lu.