Ce n'est pas tous les jours que l'on tombe sur une œuvre qui aspire votre âme dès les premières pages, voire dès la couverture. Rien qu'en prenant ce premier tome, tout juste paru, en main, on se dit qu'on rigole pas avec ce manga. On sent la densité du papier, le soin apporté pour un format standard.

Et puis, on ouvre les pages, on voit de la beauté, on voit des corps et des visages magnifiquement détaillés, mais surtout on voit de l'horreur et du fantastique. Rien d'étonnant de la part de l'auteur d'Innocent, Shinichi Sakamoto. Mais, je reste tout de même bouche bée devant son talent. Chaque planche pourrait finir dans un musée.
Au niveau découpage et mise en scène, il y a de la recherche, de très jolies planches. Le passage avec les images à l'envers pour monter le point de vue d'un personnage la tête en bas était fort sympathique pour l'immersion de la scène. Puis, de manière générale, l'auteur est un maître pour faire des planches mettant en valeur les événements majeurs.

L'histoire reprend à son compte celle du Dracula de Bram Stocker. Nous avons un navire qui échoue sur les côtes anglaises en cette toute fin du 19ème siècle et dont l'équipage est mystérieusement décédé. Une créature s'en échappe au contact de la terre ferme. Je n'ai pas lu la version originale, mais il semble que le manga change quelques points concernant les personnages faisant de Mina un personnage fort et autonome par exemple. On a également le personnage de Lucy qui devient un homme (enfin c'est compliqué, je vous laisse découvrir).
Bref, on a notre lot de mystère, d'étrangeté et c'est plaisant. L'introduction sur ce navire et son étrange cargaison est assez saisissante et efficace pour faire de la créature un être terrifiant et mystérieux.
J'apprécie également beaucoup la dynamique des personnages et notamment Mina, la jeune rouquine farouche qui ne se laisse pas marcher sur les pieds face aux brimades qu'elle subit de la part de ses camarades du fait qu'elle soit la seule fille à étudier à l'académie. J'attends beaucoup de voir comment ça va évoluer de ce côté-là.

Je ne vais pas m'étendre plus sur cette critique, ce n'est que le premier tome, il y a encore beaucoup à découvrir. Nous ne sommes qu'à l'introduction, mais il ne fait aucun doute que l'on est face à du grand Art.