Nakamura aime les poulpes, mais aussi Hirose, un garçon qu'il a entrevu dès son premier jour de classe. Le manga, drôle et efficace, narre les tentatives, souvent loufoques et infructueuses, du jeune Nakamura pour se rapprocher de l'élu de son cœur. Le principe n'a rien d'exceptionnel ; il est même d'une certaine banalité. Ce serait passer sous silence la justesse de ton et l'intelligence de l'exposition.
Ganbare! Nakamura-kun!! a ceci de spécial : il sonne juste. Les ressorts comiques sont connus, ils fonctionnent. Le garçon timide et réservé se trouve sans cesse dans des situations compromettantes. Mais loin de jouer sur la transgression ou le comique graveleux comme c'est malheureusement trop souvent le cas dans le genre, l'autrice a le bon goût de considérer l'humour comme un moyen attachant de faire apparaître l'orientation amoureuse de son personnage principal. C'est en ce sens un des rares mangas adolescents — les personnages ont respectivement 15 et 16 ans — qui réussit à être attendrissant tout en étant agréablement vrai dans la performance de l'homoamour et des questionnements sur les attirances.
L'autrice dessine les fantasmes d'un jeune adolescent un brin fleur bleu, mais qui n'oublie pas non plus d'être par instants un tantinet pervers. Sans révolutionner les codes de la romance shoujo, elle les transpose très efficacement et avec tendresse dans le genre shounen-ai, sans oublier dans chaque chapitre de tourner en parodie les clichés de mauvais goût du genre : le personnage s'avère être un fudanshi, mais sa relation au manga est en réalité émancipatrice ; une occurrence de tentacle (soft) porn qui se transforme en doute existentiel ; etc.
Aussi, même si le manga manque énormément de structure, de cohérence et de continuité, il réussit à peindre avec une affection immense un coup de coeur adolescent. Pas vraiment révolutionnaire mais franchement rafraîchissant ; c'est ce genre de choses que l'on voudrait voir inonder les rayons spécialisés en France. En lieu et place des pornos débiles et avilissants qui polluent le genre.
Je salue au passage les membres de qualité qui bravent les catalogues étrangers et permettent aux humbles lecteurs un peu flemmards de découvrir ce genre de petites friandises. Merci.