Gigantomachia, malgré son nom peu attirant, est un manga qu'on ne peut ignorer pour peu qu'on connaisse Kentaro Miura ( et si vous le connaissez pas...honte à vous ). Primo, parce que c'est lui, et deuxio, parce qu'il s'agit là d'un titre qui l'a détourné un moment de Berserk ( dont tous les lecteurs savourent le rythme de parution digne d'une tortue bourrée de rhumatismes ).
Gigantomachia nous entraine dans un monde post-apocalyptique où les formes de vie restantes s'affrontent sans merci. Nous suivons alors le duo formé par un lutteur, Delos, et une cyborg/déesse/forme-de-vie-bizarroide-quelconque, dans leur voyage au but mystérieux.
La première impression que me laisse ce one-shot, c'est que s'il était devenu une série, Shingeki no Kyojin n'aurait pas obtenu un dixième de son succès ( je ne suis pas en train de faire une critique de Shingeki, c'est pour l'exemple) . Difficile effectivement de ne pas faire la comparaison quand les principaux ennemis sont des géants aussi grotesques qu'effrayants, sans parler d'un certain plot twist vers la fin de l'histoire. Mais voilà, la différence, c'est que c'est Miura-sama qui le dessine. Vous voyez les gros monstres de Berserk ? Bah imaginez des Titans dessinés avec le même talent, et vous avez une petite idée de la claque graphique monumentale que vous mettra Gigantomachia dans la figure . Certaines doubles-pages vous donneront l'impression d'être minuscules tant le style retranscrit à merveille à quel point les géants sont, pas seulement grands, mais surtout imposants. Techniquement impeccables et fourmillant de détails, les planches offrent non seulement des décors riches, mais aussi des scènes de combat qui envoient du pâté.
Bien que le format one-shot ne permette pas de développement chez les personnages, le duo principal est assez original pour être accrocheur. Premier point : Délos, le héros, est moche. Il a un gros nez, des sourcils broussailleux et des yeux bêtes. D'ailleurs, il n'est pas très futé non plus. C'est un gros balourd tout juste bon à taper dans les ennemis. Ce qui ne l'empêche ni d'être plutôt drôle, ni d'être plutôt badass quand il s'y met. C'est perturbant d'avoir un personnage principal si repoussant au premier abord, mais on ne peut qu'apprécier la volonté du mangaka de ne pas s'appuyer sur les stéréotypes habituels.
Sa partenaire, Promé, qui n'est donc visiblement pas humaine, est au contraire une frêle fillette plutôt froide, à laquelle on doit essentiellement les explications sur le monde qu'ils explorent, et un running gag au bon goût peut-être un chouia discutable. Certes, on voit pire dans le premier ecchi qui passe, mais bon.
Le duo est donc assez charismatique pour nous mener au bout de l'histoire, les deux personnages complètement opposés formant un mélange satisfaisant.
Au niveau de l'ambiance, nous ne sommes pas dans un Berserk, et entre l'humour et le scénario, on est dans une approche plus classique, un tantinet gentillette. Pas d'horreur ou de bains de sang, mais un message d'espoir, en somme. Ce n'est pas trop niais, donc ça passe plutôt bien.
Je terminerai sur deux reproches : l'intrigue est beaucoup trop banale, si tant est qu'on puisse parler de vraie intrigue, et l'univers bien trop vaste pour un One-shot, ce qui donne une sensation d'introduction à une série plutôt qu'histoire clôturée. Peut-être est-ce vraiment le cas...(mais faudrait finir Berserk d'abord).
Gigantomachia est d'abord à regarder, et il porte très bien son nom parce que vous allez vous sentir tout petit. Un manga à retenir non pour son semblant d'intrigue, mais véritablement pour l'atmosphère qu'il met en place.