Première véritable incursion dans le monde des shojos, ce fut surtout pour moi la première approche de l'univers d'Ai Yazawa.
Alors premières pages et premières impressions : l'inégalité (voulue?) dans le dessin. La manière de dessiner et de mettre en évidence certains flots de sentiments contraste avec la façon de décrire la vie quotidienne des personnages. Ce choix (voulu ou pas) engendre un rythme agréable, ou le lecteur s'attardera forcément sur les moments clefs du scénario. On passe rapidement sur les moments faibles (le dessin y étant favorable) pour s'émerveiller devant les moments forts. Car que ce soit les expressions du visage, la mise en page, le dessin, tout est parfaitement orchestré par l'auteur pour émouvoir nos petits coeurs devant les périphéties psychologiques des différents protagonistes. Et une chose est sûre : cela fonctionne.
Pourquoi? Parce que l'ensemble sonne juste. Pas de "sursentiments", pas de renversements scénaristiques à but purement lacrymal, mais un scénario bien ajusté et une psychologie proche de la réalité. On plonge littéralement avec bonheur dans cette "vie de quartier", et chacun peut facilement s'assimiler aux différents personnages. Et à ce niveau aussi, pas de gros reproche à faire, avec une notion spécial au style vestimentaire qui sort indéniablement du lot.
Cependant, l'auteur, attiré par la lumière des sentiments, en oublie le côté obscur de l'être humain. A vouloir développer de nobles sentiments, la mangaka oublie toute une face de l'esprit humain : la méchanceté, l'égocentrisme, etc...
L'univers de l'auteur devient petit à petit "trop beau pour être vrai" et l'absence de "méchant" renforce ce sentiment.
Mais cela ne gâche finalement en rien la lecture de cette oeuvre car quand on constate la dure réalité de la vie, une incursion dans ce pays merveilleux ne peut faire que du bien.