- Intro : (pour ceux qui n'en ont pas le temps je vous invite à descendre directement au tout début de la critique qui se trouve plus bas juste après le titre en gras). Gringo c'est un One-Shot de 635 pages, un bon pavé, une brique ou ce que j'aime appeler un lingot d'or, lorsqu’il s'agit de définir ces œuvres qui se distinguent par ce quelque chose d'indéfinissable mais qui brillent autant que le métal précieux. Ce manga recèle aussi quelques pages qui permettront aux non-initiés de mieux connaitre Osamu Tesuka, celui que l'on appelle aussi le « Dieu du manga ». Osamu Tezuka c'est le pionnier du manga un monstre infatigable, d'une grande imagination et d'une productivité hors norme.

Moi qui ai un an de "lecture manga" au compteur, je suis tombé dans les mailles et sous le charme de son style. Comment? Je ne m'en rappelle plus trop bien, mais disons un peu, comme je l'ai fait avec le manga Bakuman, c'est à dire qu’à mesure que je lisais des mangas je me familiarisais avec cet art et ceux qui en sont ces dépositaires (à ce titre [i]Tezuka en est l'un des plus illustres représentants)[/i]. Par la suite et au fil du temps, les mangas d'Osamu Tezuka sont devenus un de ces luxes que je m’octroie comme moyen de voyager dans le temps, car son style à lui seul témoigne de toute une époque. Lisez-en car ça ne peut que vous changer et vous apporter du bien. Evidemment tout n'est pas que produits de luxe chez Osamu Tezuka, il possède aussi ses œuvres moins abouties comme tout un chacun, mais même la plus banale reste d’une qualité plus qu'honorable. Allons, et puis soyons indulgents, car il faut voir tout ce qu'il a écrit et lui reconnaître un sacré paquet de mangas! Oui c'est le cas de le dire, puis ce sont peut-être aussi ces œuvres plus banales qui ont permis aux meilleures d'éclore.

Gringo fait partie des meilleures! En tout cas, de celles j'ai pu lire, tous mangas confondus. Nous allons pouvoir découvrir de quoi il en retourne avec Gringo. Tout d’abord je tiens à aborder un aspect: le dessin de Tezuka qui est cartoonesque et arrondi (ça fait un peu Mickey ou Disney ). Passé les premières pages, on s'habitue au coup de crayon de l'auteur. On notera la qualité de ses graphismes, où il excelle pour ce qui est de dessiner l'architecture urbaine ou les décors naturels. De plus on lui reconnaîtra volontiers un soin du détail.

Sachez que cela fait depuis longtemps que je tenais à rédiger une critique sur une de ses œuvres. Je vais maintenant développer ma critique sur Gringo.
Je vous remercie par avance de l'attention et de la confiance que vous voudrez accorder a votre humble serviteur.

- Critique :

NOM D'UN P'TIT BONHOMME!

J'ai eu du mal à écrire cette critique sur Gringo. Pourtant j'ai vraiment apprécié ce manga et l'ai dévoré tout cru, comme le bon mangavore que je suis. En fait la difficulté vient du fait que Gringo est un manga à clés. En effet, si je me fixe au synopsis tout parait simple, mais loin s'en faut... L'histoire c'est: « On a un Japonais envoyé dans un lieu imaginaire qui a toute les caractéristiques de l’Amérique du Sud. Il y est nommé Directeur pour le compte d'une entreprise spécialisée dans l’exploitation des matières premières. En plus de devoir s'habituer à une nouvelle culture il doit survivre avec sa famille dans un environnement hostile. » A travers les péripéties rencontrées par le héros, on s’aperçoit que l'auteur Osamu Tezuka, nous livre son sentiment sur le monde et le Japon. Ceux d'hier, ceux d'aujourd'hui… et pas seulement...

C'est un regard critique sur pas mal de choses parfois contradictoires que Tezuka nous livre avec Gringo. Ce qui en fait un manga plein de paradoxes... L'auteur fait un éloge du Japon traditionnel, par exemple avec son amour pour le sumo. Et dans le même temps on le voit en butte face à certaines idées réactionnaires, comme par exemple la femme du personnage principal, qui n'est pas Japonaise de sang mais a toutes les attitudes d'une véritable Nippone. L'auteur oscille constamment entre nostalgie du Japon traditionnel et une projection qui s'apparente à un mélange contemporain et déculturé. Dans un autre registre, ce manga semble être une ode au libre-échange, seule garantie de voir se développer tous les pays émergents. Parallèlement, nous avons la condamnation sévère du capitalisme sauvage (déforestations avec les drames que cela engendre sur les populations indigènes) et l'instant d'après, alors que l'on croyait à un certain hédonisme de sa part, l'auteur nous prend à contrepied en fustigeant l’archaïsme de certaines coutumes tribales. Bien entendu cela donne lieu à des scènes comiques, mais je le soupçonne de nous faire rire par pudeur (les sujets abordés étant assez durs). D'ailleurs cela m'a fait penser à un président actuellement en exercice, lol. ;)

Ce manga est bourré d'humour mais aussi d'action, d'amour et, comme je vous l'ai dit, de réflexions sur la marche du monde. Les rebondissements se succèdent sur un rythme effréné dans des décors dépaysants avec un personnage sans pareil. Vous vous prendrez d'affection pour ce héros petit par la taille mais grand par son talent et son indéfectible volonté!
Pour ma part j'avoue m'y être identifié, bien que n'étant ni travailleur acharné et encore moins Japonais.

Notez que ce manga vise un public d'adultes et je mets ma main à couper que Gringo a du influencer des œuvres plus récentes et un mec comme Jean Van Hamme (Largo Winch). M'enfin bonne lecture à vous et ne vous fiez pas tout à fait à mes explications pompeuses et pompantes parfois. C'est un manga divertissant dont les intrigues et les personnages ne vous laisseront pas indifférents.

Banzai!!!

Alors pour Gringo je sors ma petite ardoise, et à la craie je note: 8.

C'est tout pour moi.