HEN, le manga hallucinogène. Plus puissant que le joint, terminer un volume garantit un mal de crâne à décorner un bouc et un vague sentiment de blanc. Pour les non-initiés tout ceci doit paraître assez obscur pour l’instant, mais je suis aussi venu pour attaquer, alors attaquons.
La première chose qui choque, c’est que tout, depuis le chara design jusqu’aux décors, en passant par les animaux, absolument tout est en mode total deformed ! Et attention, même si j’ai la fâcheuse tendance d’être relativement peu tolérant quant aux visages des personnages, qui ici atteignent des sommets dans le gerbant, le reste du corps est également très bizarre, avec de grosses poitrines gonflées à l’hélium, une taille anorexique pour la plupart des personnages, notamment au niveau de l’abdomen, etc. De plus, les proportions changent à chaque planche ! Au final on a l’impression de regarder le tout sous effet d’optique, où alors sous LSD. Alors bon, pour échapper un peu à tout cet ésotérisme graphique, on tente de se concentrer sur les bulles. Vous savez celles où l’auteur a marqué des trucs dedans, qu’on est censé lire pour comprendre l’histoire … La diversion n’aura malheureusement que très peu d’effet, les dialogues n’ayant absolument aucun fond et leur seul intérêt est de décrire la scène. Un peu de ce genre : « Tiens tu es là », « tu es seule à ce que je vois », « c’est moche chez vous », « on dirait qu’il va pleuvoir », etc. Du coup c’est nul, mais au moins on comprend plus ou moins ce que l’auteur voulait nous montrer. Bien vu l’aveugle !
Après il y a aussi une histoire. Sur ce plan-là on ne peut même plus dire que HEN touche le fond, tout simplement parce qu’elle y rampe misérablement depuis sa création, et probablement jusqu’à sa mort. On suit donc les aventures de Chizuru Yoshida dans sa quête pour conquérir Azumi Yamada, une autre élève de son lycée, quête entrecoupée par des relations avec des hommes, le tout dans le mauvais goût et la bonne humeur. Ah cette belle aventure qu’est l’amour ! Dans HEN, le sujet est subtilement abordé en prenant des airs de chasse au gibier, avec d’un côté la prédatrice perverse, folle et manipulatrice, et de l’autre celle que j’ai presque envie d’appeler la victime de l’histoire, ou le dindon de la farce, c’est selon. A noter également quelques passages braillard, juste pour pouvoir caser la série dans « drame » et histoire également de donner un semblant de psychologie aux héroïnes. Alors évidemment, vu qu’il est impossible de ressentir quoique ce soit pour les protagonistes, on se fiche totalement de ce qui peut bien leur arriver, et l’ennui arrive au galop.
Mais n’arrêtons pas en si bon chemin quand même ! Parce que parmi les thèmes divers et variés (sexe), ce manga est également un fabuleux ouvrage de propagande pour le naturisme le plus radical qui soit : la plupart du temps les gens se baladent à poil, chez eux, chez les autres, partout, et quand ils sont habillés, ils trouvent qu’il fait fort chaud, ou qu’il se fait tard et qu’il est temps de se changer, ou de prendre un bain, une douche, chérie invite les voisins ! C’en est à un point tel que même les pages de couvertures sont polluées !
Cependant je n'ai pas envie de terminer cette critique sur une note négative, je pense que cette œuvre est tout simplement sous-estimée, et qu’il faut la prendre au centième degré, parce que c’est à 100°C que l’eau bout, et je pense que l’on tient là un chef d’œuvre de l’état gazeux.