On a vraiment été patient avec moi...
Le moins que l'on puisse dire, c'est que Naoki Urasawa sait faire preuve de modestie. Car si l'on connaît aujourd'hui l'auteur pour ses nombreuses séries à succès, telles que Monster ou Yawara!, ses premiers exploits avaient déjà de quoi faire pâlir de jalousie ses contemporains. Encore amateur à l'époque, il remporte en 1982 avec Return le prix du meilleur jeune mangaka de l'année des éditions Shōgakukan.
Ce n'est qu'une année plus tard qu'il acquière le titre de mangaka professionnel grâce au succès de Beta!! ; devenant par la même occasion le remplaçant attitré de Osamu Tezuka dans l'éventualité où ce dernier subirait un retard. Malgré la trentaine d'histoires écrites par Naoki Urasawa, aucune ne sera publiée étant donné la ponctualité irréprochable de Osamu Tezuka.
Ce n'est que quelques années plus tard (respectivement en 1987 et 1988) que les histoires seront finalement publiées en deux parties sous les noms de Dancing Policeman et N.A.S.A.
Histoires Courtes de Naoki Urasawa est donc un épais volume réunissant l'entièreté des histoires écrites par l'auteur dans les années 1980. Aucuns ajouts ni retouches ne sont présents, les récits sont présentés tels qu'ils avaient été initialement pensés, ou presque. Notamment Return qui avait été écourté en vue de réduire le nombre de pages ; peut-être aurait-il été intéressant de proposer l'œuvre dans sa forme originelle comme une interview dans le livre nous apprend que l'auteur dispose toujours des manuscrits initiaux.
Outre ce détail d'un anecdotisme sans pareil, le recueil est d'un intérêt immense pour toute personne s'intéressant de près à l'œuvre de Naoki Urasawa et plus particulièrement à ses débuts.
Plus que de se sentir mangaka ou non, le plus compliqué est peut-être de continuer en demeurant intègre.
Bien qu'une majorité des histoires soit à caractère humoristique, notamment celles mettant en scène l'agent Yamashita, un policier plus intéressé par la gent féminine et son groupe de musique que par son rôle de gardien de la paix, ou bien Crash Dance qui conte la course poursuite de ravisseurs et leur victime qui n'a de victime que le nom, d'autres récits révèlent déjà la volonté qu'a l'auteur de traiter des sujets plus graves.
Comme le suicide ou la prostitution que l'on retrouve au travers certaines histoires, notamment dans Shinjuku Luluby qui représente à elle seule le style grandissant de Naoki Urasawa.
C'est-à-dire celui de personnes, qui, à première vue normales deviennent très rapidement tributaires d'une situation pourtant loin de leur correspondre, à l'image du docteur Tenma dans Monster.
La lecture d'Histoires Courtes de Naoki Urasawa ne fera sans doute office de révolution pour personne, mais a néanmoins le mérite de présenter l'incroyable début de carrière d'un auteur qui ne l'est pas moins.