Tombé sous le charme de l'adaptation animée de ce manga, c'est sans l'ombre d'une inquiétude et avec beaucoup d'enthousiasme que je me suis lancé dans la lecture des 7 premiers tomes disponibles dans notre contrée. Le résultat reste satisfaisant, bien que quelque peu mitigé...
Déjà on peut regretter le trait conventionnel de la mangaka. Typiquement shôjo, ce dernier est fin et à tendance a être peu marqué, donnant très peu de relief aux planches. Ces dernières sont on ne peut plus pleines, fourmillant de textes par ci par là, jamais indispensables mais très souvent cocasses. De plus, le charadesign se veut quelque peu académique pour le genre, même si on arrive à reconnaître facilement les différents personnages.
Personnages qui font sans équivoque la force du manga. L'auteur a réussi à créer des personnages volontairement caricaturaux mais qui du coup, possèdent énormément de charme. Chacune (et chacun) trouvera sans doute son bonheur parmi les membres du club, chaque personnage étant traité au cours du manga avec plus ou moins d'égalité. Mais la réussite du manga reste Haruhi, qui s'éloigne énormément du stéréotype des héroïnes de shôjo. Là où ces dernières sont souvent nunuches et sentimentales, Haruhi a la tête sur les épaules, se moque des apparences et s'intéresse à très peu de choses, au grand désarroi de certains membres du club, prêt à tout pour s'attirer les faveurs de la jeune fille à la candeure naturelle.
Host Club est également très agréable à lire car bourré d'humour. Ce dernier frôle souvent la caricature et le non sens, mais il est terriblement efficace. La mangaka possède un style chibi très sympathique qui tombe toujours de mise avec le texte. Entendez vous à décrocher de petits pouffements voir des éclats de rire devant certaines planches vraiment très drôle.
Mais une ombre assez imposante vient obscurcir l'oeuvre de Bisuko Hatori : le manque évident de scénario. En effet, on ne sait pas trop là où la mangaka veut nous amener avec son club d'hôtes et cela se ressent à de nombreux moments avec des détails gênant comme le fait que les lycéens restent volontairement bloqués à la même classe pendant plusieurs années (...) ou encore lors d'un pastiche sur Alice aux pays des merveilles (très drôle) ou un des personnage n'hésite à dire : "Il faut croire que l'auteur est à cours d'idées pour son histoire". Pas très rassurant quand on sait que la série n'était toujours pas finie au Japon...
Cela se ressent malheureusement dans les derniers tomes parus. L'humour est moins efficace et des personnages secondaires peu intéressants font leur entrée. Bref, on a l'impression que la mangaka semble aussi perdue que ses lecteurs, ce qui n'est pas du tout à son honneur.
Enfin, énorme coup de gueule concernant l'édition de Panini Manga. Non seulement c'est bourrée de fautes d'orthographes ("Vivent les pauvres" dès la troisième page...) mais en plus j'ai dû changer trois fois mon tome 5 car celui çi était imprimé n'importe comment (genre chapitre en double ou chapitres manquants...).
En conclusion, un shôjo manga très drôle aux personnages attachants et à l'héroïne marquante pour le genre. Le manque flagrant de scénario et de fil conducteur vient malheureusement gâché le plaisir du lectorat, dans l'espoir que l'auteur arrivera à faire remonter le paquebot à flot avant la fin de l'aventure Host Club.