Des mois, des années plutôt.
Attendre, attendre, mais attendre quoi ?
Rendre à César ce qui appartient à César.
J'ai attendu, me sentant, le dernier placé pour en parler, pour critiquer.
Bon cela dure et personne ne parle.
Ne parle de quoi ? De ce que l'auteur a signifié. I Am A Hero.
Qu'est-ce qu'être un héros ?
Le manga n'a pas pour prétention d'apporter de réelles réponses sur cette question. Pourtant il en porte le titre. Mais donc de quoi cela parle-t'il donc ?
A mon humble avis. De faiblesse, d'échec et de solitude, du genre humain, de lâcheté et de ce qu'on nomme le courage. Nous sommes un héros pour l'autre à partir du moment que nous tendons la main vers celui-ci lorsqu'il est en difficulté. Mais est-ce que cela suffit ?
Comme tout bon (les vrais en tout cas) récit Post-Apo de zombies ou de contaminés, cette histoire parle plus de nous que de la menace. La menace existe, mais pour vous citer un sage du mal, un vrai, "Rien, n'a changé, mon travail consiste à tuer des humains, et c'est ce que j'ai toujours fait" (version romancé de 28 jours plus tard, les mots du Colonel).
I Am A Hero parle de l'humain, autant qu'un Walking Dead, mais à la différence d'un Rick intransigeant et fort comme le rock (en tous cas dans la version papier) ici nous suivons Hideo. Humain parmi d'autres, non accompli, trentenaire, désirant et désireux, mais surtout faible et conciliant, comme nous le sommes tous face au monde, face au quotidien. Qui parmi nous peut se prétendre véritable humain changeur, force de décision humaniste au quotidien. Il est notre faiblesse, notre pire aspect face à la crise, et encore le meilleur. Hideo ne veut pas mourir.
La crise survient, suivant ce personnage possédant un seul bonus, que je vous laisse découvrir, mais qui n'est pas moindre, nous vivons l'hécatombe.
I Am a Hero.
Pourquoi l'est-t-il ?
L'art aidant, l'auteur se plait à nous faire voyager, nous propose d'autres perspectives. D'horreurs en horreurs, cas par cas, de replis en replis, de pays en pays, de villes en villes, dont certaines devenus nécropoles, la nature reprenant ses droits, se posent comme monuments d'une humanité disparu. L'humain est-il nécessaire ?
L'art, je le répète, posant le tableau, paysage urbain ou naturel, convainc par son trait tout à la fois réaliste et grotesque, dépeignant avec justesse un monde qui se fait dévoré, et les monstruosités contaminées, hérauts de l'apocalypse, créatures autant repoussante qu'effrayantes n'en sont que plus pertinentes.
Supporté par cet appui, s'en suit un discours non invasif, un récit à la fois fantasmagorique et efficace, un propos franc, parfois crue, laid, malheureusement pas toujours exempt de défauts, dont le héros lui-même, mais dont la somme, une fois la conclusion ingérée, constitue une grande histoire.
La dernière image passée, le manga refermé, viennent ces derniers mots.
I Am A Hero.
Oui il en est un.
8.5