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Il existe de ces titres qui restent vous trotter dans la tête longtemps après la lecture, « Flower of Evil » en fait définitivement partie.

» Critique du manga Flower of Evil par Maya* le
09 Mai 2014

Flower of Evil est un titre plutôt obscur que je n’aurai probablement jamais découvert si je n’étais pas autant intéressée par les œuvres à thème incestueux. Au terme du premier chapitre, je pensais être tombée sur un titre assez quelconque qui se noierait aisément dans ma pile de lectures de romances, je me fourvoyais complètement. Flower of Evil n’est pas une romance mais une peinture de la nature humaine, sa beauté comme sa laideur, ses doutes, obsessions et faiblesses. On en garde même une impression de « pièce de théâtre » qui découle principalement de la construction de l’histoire, de l’ambiance mystique, du développement des personnages mais surtout de la tragédie.

Dans sa narration, chaque volume enterre l’idée que l’on se faisait encore des personnages à celui d’avant, on croit les connaitre, les cerner, mais ils nous surprennent, nous dévoilent de nouvelles facettes de leurs personnalités. Leurs réactions imprévisibles au départ achèvent de nous égarer en flirtant avec la folie furieuse et la libération de désirs incontrôlables. Et on a beau essayer de s’accrocher, ils vont toujours plus loin et échappent à notre entendement. Je ne dirai pas que le casting est attachant mais plutôt… fascinant.

Fascinée, c’est bien le terme qui définit au mieux mon état d’esprit en dévorant les volumes les uns après les autres, une fascination fébrile allant crescendo jusqu’à la toute dernière page où on touche à la conclusion d’un masterpiece. Une conclusion qui laisse la porte ouverte à différentes interprétations, ce qui en fait toute la poésie. J’ai beau y réfléchir encore, je n’arrive toujours pas à décider de ma propre interprétation de cette histoire qui forme une boucle en se terminant sur la même citation avec laquelle elle débute, permettant au lecteur, grâce aux éléments de réponse et indices disséminés tout au long, de lire cette conversation entre Se-Wa et Se-Joon selon son propre sentiment et sa propre compréhension des personnages.

« Se-Wa : Would you rather receive love from everyone or only receive love from the person you like, between the two, which one would you like?
Se-Joon : To be loved by one person... But that will be impossible, because I...
»

On nous raconte l’histoire d’un homme aimé de tout le monde et ne pouvant aimer personne, qui finit par rencontrer son âme-sœur, mais la femme qu’il aime est mariée et refuse de quitter son époux, le laissant ainsi finir ses jours dans la solitude et la souffrance. Qu’aurait-il fallu choisir ? Être aimé de tout le monde ou être uniquement aimé par la personne qu’on aime ?
J’ai retourné ce « conte » dans tous les sens, et c’est assez effarant comme il peut s’adresser à tous les personnages, et peut avoir différentes interprétations selon le moment de la lecture.

La palette de personnages est très sombre, leurs couleurs s’éclaircissent et s’assombrissent au fil des chapitres, de leur évolution ou régression au contact des autres. Ils sont très nuancés et il serait peu aisé de définir qui incarne ce qui est « Evil » comme le suggère le titre. La descente aux enfers ne touchant pas un seul personnage mais ils s’entraînent les uns les autres dans une spirale de folie, de manipulations, de secrets et de trahisons. Ils sont des bombes à retardement qui évoluent de façon anarchique, soulignant leur fragilité et instabilité.
L’ambiance est oppressante et assez dérangeante. On ne se sent à aucun moment en sécurité ou à l’abri d’un bain de sang. Cette angoisse ne fait que s’accroître alors que les relations dégénèrent et que les personnages perdent le contrôle.

Somme toute, alors même que l’histoire fait « un tour » pour nous reposer la question de départ, elle n’est pas cousue de fil blanc et fait naître différentes idées et théories qui se renforcent puis se désagrègent. On se surprend à découvrir que ce qu’on pensait évident et acquis n’est qu’une des deux facettes d’une pièce qu’on avait entre les mains depuis le début.

Par ailleurs, les dessins sont fins et sublimes. On y retrouve le trait commun des manhwa, mais avec une touche personnelle à l’auteure. On peut tout autant détester qu’adorer. On peut reprocher aux personnages masculins d’être trop sveltes et efféminés (notamment Se-Joon dont la beauté n’a rien à envier à celle de Se-wa) mais je n’aurai pu les imaginer autrement. Ce parti-pris est un peu dommage dans le sens où ça pourrait nuire à la crédibilité des personnages masculins avec leurs doux visages de fille, mais la complexité et le développement de ces derniers compensent cette tare (Je dis tare, mais ce n’en est pas une à mes yeux, ils sont trop beaux *_*).

The Flowers of Evil est une lecture intrigante et passionnante dont on ne sort pas indemne. On passe par différentes émotions et réflexions.
L’inceste et les drames, ce n’est pas votre tasse de thé ? Ce titre pourrait pourtant vous convaincre tant il est original et traite ces thèmes de façon particulière et propre à lui. Ce n’est pas une histoire d’amour entre frère et sœur mais une histoire de personnages qui s’aiment les uns les autres, à en perdre la raison, et qui l’expriment de façon tordue à vous faire perdre la vôtre.
Peu importe ce que vous avez lu par le passé, peu importe vos préjugés, attendez-vous à être surpris.

Un petit bijou dont la lecture peut être éprouvante, angoissante, touchante et avec une conclusion déchirante. Qu’on aime ou qu’on déteste, on ne peut regretter d’avoir pris le temps de feuilleter tant c’est « unique ». Une expérience fascinante et marquante, les 7 volumes se dévorent vite, laissez-vous séduire !

Verdict :9/10
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A propos de l'auteur

Maya*, inscrit depuis le 01/02/2012.
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