Sorti en 2018 au Japon mais seulement apparu chez nous en 2021, avec une nomination au festival de la BD d’Angoulême, Sensor est un nouveau one-shot de Junji Ito, regroupé par chapitres, comme c’est généralement le cas de ses œuvres.
Fidèle à ses thèmes de prédilections, l’auteur nous entraîne à nouveau aux frontières du réel, mélangeant dès le début science-fiction, fantastique et horreur. Mais Junji Ito c'est aussi et surtout du « body horror » : nous montrer toujours plus d’atrocités liées au corps humain (malformations, déformations, blessures, etc.). Sensor (capteur en français) n’est pas en reste sur cet aspect, où il nous apparaît encore une fois à quel point les cheveux sont importants pour l’auteur. Hé oui, les cheveux. Bien que je n’aie pas lu toute la bibliographie de Juni Ito, il y a des tendances qui marquent de par leur récurrence et la présence de cheveux en fait partie (il n’y a qu’à voir la couverture). On sent de toute façon que c’est un auteur qui apprécie fortement le dessin des corps, humains comme animaux, et qui parvient à mettre en avant chaque détail distinctif ou toute impression de beauté / laideur qui pourrait s’en dégager.
Si le design n’est pas original car on y est habitué, on ne peut que s’incliner devant le dessin si particulier et si maîtrisé de l’auteur. L’histoire est quant à elle surprenante car elle parvient à mêler deux thématiques (que je ne peux pas citer ici sans spoiler) qui vont normalement l’une à l’encontre de l’autre. Il me semble également que l’un de ces deux points est plutôt rare dans les mangas d’Ito, voire même une grande première. Avec sa petite dizaine de chapitres, Sensor se lit avec facilité et délectation, pour quiconque n’est pas facilement impressionnable par des corps et des visages malmenés.
L’occasion de nous faire patienter encore un peu en attendant l’anime Spirale …