La beauté est-elle le secret du bonheur ? Une jolie femme fine sera-t-elle plus heureuse qu’une autre qui est ronde ? Comment assumer un physique qui semble révulser les autres ? In The Clothes Named Fat aborde ces principales interrogations, sous un ton très dramatique et avant tout réaliste.
Noko est une jeune femme assez enveloppée et très mal dans sa peau. Ses collègues de travail la blâment sur son incompétence, qui n’est qu’un simple prétexte pour pointer du doigt son poids. Elle est accusée de tous les maux, brimée sur son look vestimentaire et également concernant son petit ami. Car Noko est en couple depuis huit ans avec un même homme. Homme qui la trompe ouvertement avec une des collègues de travail de Noko, entre autres. Il reste avec elle car il trouve chez Noko la sécurité de sortir avec une femme que personne d’autre ne regardera et dont personne ne voudra jamais. Ce qui ne l’empêche donc pas dans le même temps, de voir ailleurs pour forniquer avec de vrais canons de beauté. Lasse de toutes ces remarques et de sa dépression boulimique qui ne font qu’augmenter, elle décide alors de se prendre en main pour mincir.
Ce one-shot est vraiment touchant, car réaliste sous bien des aspects. Il apporte une réelle réflexion sur la vie en société, les différences physiques des uns et des autres, et le traitement subi par certains. In The Clothes Named Fat nous montre les dommages du harcèlement moral, dont on peut être victime au travail comme lors des études. Le look sert d’excuse pour désigner un bouc émissaire avec un physique atypique, comme on peut le voir dans la vie de tous les jours (gros, rond à lunettes, roux, etc.). Noko apprend ici à essuyer toutes les brimades qu’on peut entendre étant enveloppée. Elle transparait comme étant également une dépendante affective (au sens psychiatrique du terme), qui se réfugie dans la vision saine et idéale qu’elle a de son couple. Bien que ce ne soit absolument pas le cas, alors qu’elle en a pourtant conscience.
L’auteure, Anno Moyoco, parvient avec justesse à retranscrire le mal de vivre de cette femme. Cela n’est ni caricaturé ni exagéré. Elle décrit avec ingéniosité la spirale qui fait tantôt basculer vers la boulimie ou l’anorexie. Elle nous prouve également que la beauté n’est en aucun cas un passage obligé vers le bonheur. Il faut avant tout s’accepter tel que l’on est, car même en maigrissant, une femme ronde sera toujours ronde dans sa tête, si elle ne fait pas l’effort de s’accepter. Mais aussi et surtout, il ne faut pas maigrir pour faire plaisir aux autres. Le corps de Noko n’appartient qu’à elle et elle seule peut juger quel physique lui convient. Se forcer à changer son physique, et ici sa vie, pour les autres, ne peut pas mener à un bon dénouement.
Anno Moyoco nous apporte, grâce à In The Clothes Named Fat, une réelle leçon de vie, de tolérance et de bon sens.