Mélancolie, dépression et espoir, voilà en quelques mots ce que l’on peut ressentir à la lecture de Tokyo Kaido, à travers les émotions des personnages principaux. Cet ouvrage n’est donc pas des plus agréables même s’il garde tout du long une touche d’optimisme nécessaire.
Se déroulant dans le service neurologique et psychiatrique d’un établissement dédié à ces troubles, l’histoire se focalise sur les maux spécifiques et peu courants des pensionnaires (victimes d’hallucinations, de schizophrénie, d’orgasmes à répétition, etc.). Frustrés, en colère contre leur maladie, dans le déni, ou bien encore complètement abattus : chacun a manière de réagir face à son propre trouble / comportement, et celui des autres.
Les maladies décrites dans l’ouvrage peuvent au début surprendre par leur caractère saugrenu et, bien que réelles, tout de même tirées par les cheveux. Elles permettent toutefois un bon traitement des émotions et un combo explosif quand on met ensemble tant de névroses et de troubles cumulés et aux antipodes.
Tokyo Kaido n’est pas tant une œuvre médicale mais plutôt philosophique, sur l’acceptation des autres, mais aussi et surtout de soi. Que cela puisse concerner son propre corps ou esprit. Il faut vivre avec, et souvent se rendre à l’évidence qu’il n’y aura pas forcément d’amélioration possible. Certains personnages vivent dans leur bulle, d’autres sont en confrontation permanente avec le regard et l’avis des autres. La force de ce manga réside en sa capacité à restituer ces sentiments et ces questionnements, applicables dans la société de façon générale.
Dans le dessin, on retient un mélange de cases épurées et d’autres emplies d’éléments. Les deux représentations peuvent être dérangeants, donnant soit trop, soit trop peu d’informations. Pour autant, l’ensemble reste cohérent et donne également une bonne idée du caractère instable des personnages.
Tokyo Kaido se lit rapidement avec ses trois tomes, mais est fort en émotions sur le genre humain et le traitement que chacun se fait de lui-même et des autres.