Je viens aujourd’hui en vous parler d'un One-shot que j'ai adoré, il est un peu court, mais ne pas en parler serait criminel de ma part. Un matin dès mon réveil il n'y avait personne chez moi et il pleuvait dehors, une fine pluie qui tapait à ma fenêtre. Timidement, l'éclate de ces petites gouttes sur ma fenêtre avait mis une ambiance vraiment calme et assez triste... C'était, je pense, le meilleur moment pour découvrir Kimi ni Shika Kikoenai. Une œuvre mélancolique adaptée d'une nouvelle, dont le scénariste a scénarisé l'adaptation en manga. En général, j’aime les choses un peu tristes, avec une ambiance qui donne envie de se tirer une balle en pleine tête, avec des larmes aux yeux dans des fins inoubliables. Je trouve une réelle force dans ce genre de production, c’est ce que j’affectionne en général le plus (étrange, pour quelqu’un qui ne trouve pas de Shojo à son pied). Pour rester sérieux, et pour prévenir certain qui aurait la larme facile, sachez que dans cette œuvre il n'y aura pas non plus de quoi aller se pendre, c’est seulement l’ambiance que dégage les dessins et la progression de l’histoire qui donne cette impression.

Le scénariste est connu pour pas mal d’œuvres comme « GOTH » ayant eu un prix du Jump en 2003, son succès n'est pas arrivé jusqu'en France, d'ailleurs un bon nombre de ces œuvres sont difficilement trouvables chez nous… (J'ai aussi eu beaucoup de mal à me renseigner sur la personne.) C'est regrettable, après avoir lu deux de ces mangas, car ce sont de petites histoires bien sympathiques. Le dessinateur n’en est qu’à ça deuxième œuvre et pour un début il se débrouille très bien ! Je me suis alors senti presque obligé de faire une critique sur ce manga que j’ai tout bonnement dévoré… Il le mérite vraiment et je m’en vais vous montrer pour quoi.

Commençons à parler des dessins, Hiro Kiyohara s’en charge à merveille. Ce petit dessinateur ayant déjà opéré peu de fois, adopte ici un style qui colle parfaitement bien à ce manga. C’est assez contemplatif, sur certaines scènes, ça amène le récit avec une grande douceur, un certain apaisement qui nous rappellerait presque Mushishi.

(Ce dessinateur est d'un très haut niveau à l'heure d'aujourd'hui, il a à son actif pas mal de One-shot, qui sont vraiment d'une très bonne qualité graphique.)

Dans ces dessins, il nous livre une sorte de mariage parfait entre dessins de personnages et de décors. Les décors sont très sommaires, plutôt sérieux, nous livrant parfois des fonds blancs ou noirs. Puis d'un autre côté, on peut voir les personnages représentés souvent en gros plan sur leurs yeux, leurs bouches. Les personnages seront omniprésents sur chacune des pages, et pourtant on aurait du mal à les décrire en détail. Ce qui rend le récit un peu flou, visuellement parlant, un peu comme dans un rêve. Les expressions du visage sont ce que le dessinateur sait faire de mieux, y’a vraiment pas photo c’est percutant, quand un personnage est bouleversé j’en ai presque la chair de poule. C’est un gros point fort pour l’histoire, moi qui ne suis pas trop ‘’Dessin’’ je dois bien avouer qu’ici ils donnent une réelle saveur en plus, Hiro Kiyohara a vraiment su créer cette ambiance très mélancolique, il a su suivre le courant dans lequel l’histoire nous transporte.

Pour continuer sur l'histoire, on assiste globalement à quelque chose d'assez magique, tout comme quand j'ai comparé les dessins à un rêve...

D'une part au niveau de la trame principale, qui est bien expliqué, mais qui n'entre pas non plus dans les détails. Une jeune fille très seule, s'imagine un téléphone portable dans ça tête. Car elle n'en possède pas en vrai, à l'inverse du monde au tour d'elle, et que de toute façon il ne lui serait pas utile. Jusqu'au jour ou quelqu'un répond dans ce téléphone qu'elle a en tête! c'est alors que deux personnages tout aussi solitaires qu'elle peuvent entrer en contact par la pensée à tout moment. Mis à part qu'il y a un décalage temporaire assez important entre ces discussions télépathiques, nous n'en savons pas plus.

Mais ce n'est pas gênant du tout, bien au contraire ne pas avoir fait rentrer la chose dans les détails rend ce système de communication assez ''Romantique''. Par contre attention, n'allez pas non plus vous imaginez qu'il s'agit d'une histoire à l'eau de rose, le peu de passage que je qualifierais de ''Romantique'', montrent des personnages gênés et pas assez en confiance, cet aspect renforce le côté triste de l'histoire.

Pour rebondir sur le mélancolique, c'est tout comme dans ''Kizu'' (l’œuvre des deux mêmes auteurs et dessinateur ), le manga ne cherche pas à nous faire pleurer, mais ça fait quand même un petit quelque chose au cœur, je pense que le manga cherche à produire une tristesse ambiante assez discrète.

Le récit est donc ''magique'' d'autre part, en proposant une progression assez rapide, mais juste assez pour bien faire tenir le rythme au lecteur. Nous ne sommes pas assommés des pages avec trois kilomètres de textes et de bulle... Pour ne pas que nous nous ennuyions, l'histoire ne perd tout de même pas en qualité, grâce à des procédés scénaristiques bien trouvés le récit peu par exemple se permettre de s'attarder sur un point sans que le lecteur ne perde pied. L’ambiance est du coup percutante, évidemment mélancolique, mais de la mélancolie douce, on ne vous montrera pas des personnages qui pleurent sans arrêt. Le thème est plus penché vers la solitude des personnages, la solitude dans laquelle ils étouffent et veulent s'échapper. C'est assez beau et se serais un crime de vouloir trop développer sur l'histoire, une histoire qui m'a comme bercé.

Sous ce format assez court, qui contient 190 malheureuses pages assez pauvres en texte, l'histoire ne souffre pas d'une fin bâclée, mais il est clair que certains auraient voulu beaucoup plus de développement sur les personnages. C'est vraiment le gros point faible de ce manga, point faible dont je vais vous dresser le bilan :

On a un total de 3 personnages, dont deux personnages principaux une jeune fille et un jeune garçon... Ils seront psychologiquement assez flous, on sait bien qu'ils souffrent de leur solitude, mais on n'en sait vraiment pas plus sur eux, par exemple leur situation familiale nous est inconnue... C'est assez déroutant.

Mais le pire... C'est la femme qui est le troisième personnage, elle n’apparaît pas souvent, il s'agit d'un vrai mystère que ce soit au début, ou à la toute fin. Je trouve ça assez troublant de ne pas savoir où elle voulait en venir, je me suis même relu le tome une deuxième fois pour bien la cerner, mais sans succès.

Néanmoins, je trouve quelque chose à redire qui pourrait arriver à contrer ce mauvais point. Le récit est plutôt bien raconté, le fait que les personnages ne soient pas super développés se ressent vraiment beaucoup moins quand on prend conscience de ça. Il n'y aura pas non plus des extraits de grands proverbes, ou de belles citations, mais le tout sera assez percutant et pour ma part je suis ressorti très heureux de ma deuxième lecture, car ces répliques rendent vraiment l'histoire très particulière. Un peu comme s'il s'agissait du conte de fées urbain.

Mis à part ce point noir, on peut vraiment dire que nous avons à faire à une très bonne histoire. Qui sera d'ailleurs conclu par un final d'un très bon niveau, ou du moins assez mystérieuse pour pouvoir conclure ce genre d’œuvre, sans avoir à se dire que la fin est mauvaise. Le fait d'insister sur l'importance qu'a le temps sur ces discussions que permet le téléphone imaginaire arrive vraiment à rendre la chose bien crédible. Par exemple, imaginez deux personnages, habitant assez loin l'un de l’autre, discutant grâce à ce moyen télépathique. L'un part rapport à l'autre, ils ont des heures de décalages, voire même des jours ou des mois ! Croyez-moi, on arrive presque à un final faisant penser à l'anime ressent ''Stein;Gate'', du coup je suis ressorti complètement conquis de cette œuvre.

J'en suis ressorti conquis, mais je diagnostique un virus qui frappe pas mal de One-shot, un parasite que j'aime nommer ''Le syndrome de Dud hunt''. Tout comme le très connu Dud Hunt, le manga qui nous intéresse ici souffre d'un manque de contenu assez important. Même moi qui est beaucoup aimé, je n'ai pu que souffrir en silence de ce mal. Manque d'autres personnages, manque d'explications en plus sur l'origine des discussions télépathiques. On pourrait même penser que le manga n'est en fait qu'une idée, une idée qui a eu du mal à être bien mise sur le papier... Elle donne un bon résultat, mais même dans ce bon final, on ressent vraiment un vide, c'est bien, mais au final on en redemande un peu plus...

Ce qu’il faut retenir :

Les + :

- De très beaux dessins, le dessinateur fait ces preuves grâce à ce manga.

- Une trame principale vraiment bien trouvée et bien développée. Qui est d'ailleurs assez bien racontée, via des répliques assez percutantes.

- Une ambiance qui peut faire penser à un rêve mélancolique... Avec une touche de romantisme inavoué.

- Un final qui insiste sur les problèmes d'ordres temporelles, ce qui conclu l'histoire avec brio.

Les - :

- Les personnages sont vraiment très peu développés, on aurait du mal à bien les décrire.

- Un certain manque de contenu, malgré le bon final on en redemande.

Un gros coup de cœur qu'est ce Kimi ni Shika Kikoenai, j'ai vraiment eu beaucoup de mal à trouver de mauvaise chose à en dire comme vous avez pu le voir. Mettant à part que les personnages nous apparaissent un peu flous, et qu'il y a un petit manque de contenu, ce One-shot mérite une grande place dans le milieu de ces œuvres courtes. Pouvant transmettre de telles émotions en si peu de pages c'est quand même un sacré tour de force !

Tout le long du manga, la plus part des bulles, seront des pensés ou des discussions télépathiques, on se sent du coup nous aussi enfermé dans une solitude, un peu comme les personnages, le parallèle est assez intéressant et montre clairement le ton mélancolique du manga. Seul, chez moi par un temps pluvieux j'ai dévoré ce One shot, que je conseil à ceux qui cherche une histoire qui sort vraiment de l'ordinaire, et proposant une ambiance assez triste.