Imaginez un bois sombre, des ombres inquiétantes qui dansent dans le crépuscule, un silence irréel au milieu des arbres, qui de plus près semblent morts.
Et tout à coup, sortie de nulle part, une enfant à la pâleur chimérique et à la voix douce et aigüe vous demande "Dis, on fait une tarte aux pommes?"
Voilà en quelques mots comment on pourrait résumer l'ambiance de L'Enfant et le Maudit.
Un conte à la fois ténébreux et porteur d'innocence.
Le décor bucolique et dévasté, établi sur les ruines d'une humanité fuyante et apeurée, est à la fois inquiétant et rassurant. Il s'en dégage une sorte de chaleur, comme si ce décor était une sorte de cocon pour nos 2 protagonistes. C'est calme, agréable et doux.
On y suit le quotidien du Professeur, un Maudit, et d'une enfant qu'il a recueillie, Sheeva.
Même si les relations entre eux se rapprochent des relations filiales, on sent une certaine distance entre les personnages, d'abord physique, puisque chaque contact peut être dangereux pour la petite fille, et aussi spirituel, Sheeva étant une jeune enfant qui ne connaît pas grand chose de la vie et le Professeur un être de l'Extérieur (des murs d'enceinte du royaume) dont la malédiction affecte non seulement son apparence mais aussi sa mémoire. Malgré qu'on sente l'attachement entre les 2, il persiste une sorte de gène.
Or cette petite vie presque paisible va être mise en danger par les soldats du roi, à la recherche de Sheeva, qu'ils prétendent maudite sans en avoir les effets, et qui serait donc la clé pour sauver l'humanité de la Malédiction.
C'est à ce moment là que l'histoire s'ouvre à nous.
Plus profonde et plus mystique qu'on pourrait croire au premier abord, le scénario s'inscrit directement au cœur de la légende de la Création du Monde de l'Enfant et le Maudit.
Mensonges, manipulations, voilà les 2 concepts qui semblent régir ce monde, plein de croyances abstraites.
Mais la Vérité est-elle vraiment absolue et universelle, ou peut on créer la notre, propre à chacun?
C'est peut être la conclusion qu'on peut tirer de cette magnifique et tragique histoire.
Niveau dessins, le style de Nagabe, particulier, donne énormément de relief à cette histoire. Son monster design aux créatures mi-animales mi-végétales tout en noir donne un aspect particulier aux créatures de la Mère, les Enfants Noirs, très contrasté avec le chara-design clair et presque brillant des créatures du Père, les Hommes.
J'adore son style, onirique et détaillé, doux mais pas doucereux.
Idéal pour ce style d'histoires.
Le voyage dans l'univers de l'Enfant et le Maudit vous laissera sûrement des traces, tant le récit dans son ensemble est marquant, à l'image des histoires qu'on raconte aux enfants, mais avec un côté plus dramatique et quelque part peut être plus ... humain.
Si vous aimez les contes et les récits oniriques, je ne peux que vous conseiller cette magnifique histoire.
Rien à redire
10/10
Score parfait
You WIN the GAME