Qu'arrive-t-il lorsqu'on introduit un héros de manga shôjo dans un univers impitoyable de martialistes ? Sumomomo Momomo est la réponse à cette étrange question.
Dans son manga, Shinobu Ohtaka mélange les codes du shôjo et du shônen à travers une comédie qui suit les traces d'un futur procureur obligé de choisir une option à laquelle il ne s'attendait pas : les arts martiaux. S'ensuivent de nombreuses (més)aventures qui oscillent entre humour, action et tendresse dans un équilibre quasi parfait. De nombreuses scènes parodient les clichés des genres précédemment évoqués, entre les noms des attaques à rallonge, les explications improbables des tactiques de combat, les situations de quiproquo et triangles amoureux. Au fil des tomes, l'histoire se prend de plus en plus au sérieux tout en conservant son style humoristique.
Sumomomo Momomo présente ses personnages dans une lutte constante entre leurs intérêts personnels et ceux de leur famille (ou clan). Chacun d'entre eux bénéficie d'un traitement profond à travers son passé, son but et ses sentiments. Ce dernier terme est le maître mot de ce manga, car c'est toujours à travers leurs sentiments que les différents personnages agissent et réagissent. Parfois on a l'impression de voir de simples lycéens mener leur vie d'adolescent, mais l'intrigue vient constamment nous rappeler qu'ils restent baignés dans un contexte de guerre entre leurs familles et de combats incessants.
Si le trait de la mangaka est plutôt unique, on ne peut que remarquer qu'il est assez irrégulier, surtout lors des premiers tomes. On sent que les proportions et perspectives sont parfois assez approximatives, même si elles s'améliorent au fil des tomes. Il ne faut pas se laisser perturber par ce style de dessin encore en construction au moment de la sortie de ce manga, car il réussit parfaitement à accomplir son but : transmettre les émotions des personnages et présenter les situations comiques (le style SD, "Super Deformed", y est omniprésent).
Sumomomo Momomo est une œuvre originale et rafraichissante, capable de toucher tout type de lecteur. Malheureusement, elle souffre d'une adaptation animée d'une qualité plus que discutable et reste moins connue que l'autre manga de la même auteure qu'est "Magi : The Labyrinth of Magic".
Il ne faut pas que ce manga tombe dans l'oubli et dans l'ombre de ses successeurs alors qu'il déborde de qualités. Si quelqu'un évoque le nom de Shinobu Ohtaka, il faut lui répondre "Sumomomo Momomo".