Les années étudiantes post-bac, que de souvenirs. La première chose dont on se rappelle généralement, c’est la bande de copains avec qui on traînait sur le campus et avec lesquels on était toujours partants pour participer aux soirées organisées ici ou là. De grandes fiestas souvent fortement alcoolisées dont on ressortait assez rarement indemnes, mais qui avaient le mérite de briser une existence un peu morne faite de cours et d’examens délivrés par des professeurs pour qui la compréhension des élèves n’était pas forcément une priorité. Bien sûr certains étaient plus sympas que d’autres et faisaient quelques efforts, mais une bonne partie effectuaient leurs heures en délivrant mécaniquement un cours parcouru de formules incompréhensibles (bon c’est vrai qu’une partie du «public» semblait plus là pour se la couler douce et s’amuser, mais quand même).
Se déplacer en groupe offrait l’avantage qu’après une fête bien arrosée, il était plus facile d’espérer retrouver sa piaule, en comptant sur le fait qu’il y’ait toujours une personne un peu plus sérieuse que les autres pour picoler un peu moins...ou à défaut un gaillard qui tienne bien mieux l’alcool que ses comparses, et arrive ainsi à conserver un semblant d’orientation.
Le groupe d’amis devenait presque vital lorsque l’on commençait à aborder l’autre sujet primordial dont rêve tout étudiant normalement constitué: les filles.
Par je ne sais quelle formule magique sortie de nos esprits naïfs, beaucoup d’entre nous étions convaincus qu’arriver à plusieurs permettait d’augmenter les chances d’enfin attirer l’attention de la gent féminine (après tout, elles aussi semblaient avoir compris l’intérêt de venir groupées pour mieux repousser les avances des bestiaux un peu débiles qu’elles croisaient). Et en cas de râteaux ou autres coups durs, on pouvait toujours compter sur les poteaux pour se remonter le moral: une bonne tape dans le dos, une petite vanne, une nouvelle tournée, et on était prêts à retourner au front…
Bien sûr même entre les meilleurs amis du monde, nul n’est à l’abri des éventuelles rivalités et de la jalousie, surtout si l’un des membres du groupe parvient à se trouver une copine, laissant les autres sur le carreau... C’est généralement dans ces cas là que les plans les plus foireux sont mis en œuvre pour se venger du traître ayant lâchement abandonné ses copains à leur triste sort. Rien de bien méchant mais bon, si on pouvait régler ça avec un bon sac de ciment puis balancer le tout dans la rivière, nul doute qu’on le ferait.
D’une certaine manière, c’est un peu cette vie étudiante que narre le manga: une ode à la connerie et aux exploits débiles que l’on est capable d’accomplir dans ce merveilleux univers que représente un campus universitaire. Le tout servi avec un graphisme particulièrement plaisant, laissant bien transparaître les états dans lesquels se retrouvent Iori KITAHARA et ses camarades. De prime abord on pourrait croire qu’on a juste affaire à une bandes de jeunes inoffensifs, mais il faut toujours se méfier de l’eau qui dort et au moindre défi, à la moindre frustration, les monstres qui sommeillent pourraient bien se réveiller (l’alcool aidant) et se lancer dans des aventures aux conséquences inattendues.
Grand Blue fait partie de ces (trop) rares œuvres qui continuent à me faire rire à chaque tome, même en les ayant déjà lus et relus. De mémoire il faut remonter à School Rumble ou Azumangah Daioh pour retrouver des effets similaires.
Et puis on ne va pas se mentir, le casting féminin est également très agréable à découvrir. Si la plupart sont les victimes involontaires de la bêtise de leurs homologues masculins, elles arrivent généralement à limiter la casse, certaines parviennent même à manipuler les prétendants un peu trop confiants, qui ne tarderont pas à payer au prix fort leur hardiesse. Et puis il y’a mes préférées: les psychopathes, qui sous leur apparence innocente se montrent encore plus déviantes que les mâles en rut (déjà bien atteints), et qu’il vaut mieux éviter de provoquer.
Bref, Grand Blue c’est du bon gros délire avec très peu de temps mort (au moins une ou 2 conneries par planche), des morceaux de bravoure légèrement suicidaire et malgré tout quelques passages touchants pour nous rappeler que finalement si ces jeunes sont un peu cons, ils conservent un bon fond (de bouteille).