Les oubliés est un de ces mangas que j’ai choisi «au hasard» en librairie, c’est à dire sans me renseigner en lisant des avis ou critiques. Je n’avais donc pas d’attente particulière à son sujet si ce n’est qu’il fut divertissant. Le synopsis restant bien mystérieux, le manga pouvait dériver dans n’importe quel sens. Au final, le mangaka nous sert une histoire plein de mystères, de rebondissements et de morts. À peine l’employé du gouvernent et Yoshiya Nagumo avec la petite Mitsu arrivent sur cette île reculée et coupée du monde que les événements partent à vau-l’eau. Le fait que les nouveaux venus n’arrivent pas à communiquer avec les habitants de l’île n’aide pas à éclaircir le mystère. En fait, une grosse partie de l’histoire se base sur cette incompréhension mutuelle. Bien que les deux parties parlent la même langue, il y a un gouffre culturel entre les deux et la signification des mots en devient différente. La situation s’en retrouve bien vite tendue entre les étrangers et les habitants.
Cette ambiance d’abord étrange, intrigante va ainsi plonger dans le malaise voire l’angoisse avant de se résoudre. Les clefs de compréhension ( pour le lecteur ) sont très bien distillés dans le manga et l’on ne découvre des réponses qu’à la toute fin. Le mystère est donc bien présent jusqu’au bout. Le lecteur est tenu en haleine. Notamment grâce au fait qu’on n’en sait pas plus que les deux hommes fraîchement débarqués.
Vous l’aurez compris l’interaction de ces deux personnages avec les membres de l’île est la clef de voûte de l’histoire. C’est leur développement, leurs questionnements, leurs réactions sur lesquelles tout reposent. J’ai beaucoup aimé ces deux personnages dans l’ensemble et leurs évolutions m’ont agréablement surprise. On apprend peu à peu à les connaître à travers les événements et la première impression n’est pas forcément la bonne dans ce cas. Quand aux habitants, ils sont déstabilisants, il faut attendre la fin pour les comprendre un peu. Mais le tout reste cohérent. Le seul élément qui m’a un peu attristée au sujet des personnages est le traitement de Mitsu ou son absence. Je n’ai pas trouvé que son personnage était mis suffisamment en avant par rapport à son importance. On dirait presque une coquille vide, un prétexte pour l’histoire sans consistance. Au contraire de la femme du pêcheur, malgré ses comportements étranges, qui a une existence plus réelle. Ou même tout autre personnage présent sur l’île.
Le seul autre reproche que je lui fait est minime tellement il est récurent dans les fictions: les deux personnages qui discutent tranquillement alors qu’ils sont dans une situation plus que critique (ils sont littéralement en train de philosopher en plus…).
Bref, j’ai trouvé le manga intéressant et prenant. J’aurais aimé en savoir un peu plus sur les sources de l’auteur concernant son modèle de société sans contact avec le monde moderne ou des sociétés préhistorique ( en note en fin de livre par exemple ). Un manga qui donne envie d’approfondir un sujet est de toute façon à recommander. Si vous n’avez pas les yeux sensibles, vous pouvez le lire sans risque.