Monster Hunter est une récente franchise de l’éditeur de jeux vidéo CAPCOM qui a eu un très grand succès grâce aux versions pour la Playstation Portable. Cette série a été déclinée en manga par Hiro MASHIMA (Rave Master, Fairy Tail). Qui dit adaptation dit souvent œuvre moyenne et cela même si les personnes chargées du projet désirent offrir une bonne expérience. Comment MASHIMPA et son équipe ont-ils réussi à adapter Monster Hunter, un jeu vidéo sans personnages principaux et scénario ?
Puisque les jeux Monster Hunter ne proposent pas de scénarii principaux, juste des quêtes pour se lancer à la chasse aux monstres, MASHIMA a inventé une légende prédisant la fin du monde lorsque Miogaruna, la volivre éclatante, fera son apparition. Pour combattre ce légendaire monstre, la guilde des chasseurs instaure un ordre de chasseurs appelé chasseur traqueur pouvant chasser hors des terrains de chasse reconnus par la guilde car nul ne sait où apparaîtra Miogaruna. Shiki RYÛHÔ fait partie des chasseurs traqueurs. Il voyage de village en village à la recherche de la volivre légendaire. Son périple va l’amener dans un village où il fera la rencontre de Eilee JESKAR, une chasseuse qui s’est fait un point d’honneur de chasser en solitaire. Ironie du sort, Eilee est en fait la fille du défunt maitre de Shiki qui lui a apprit que c’est grâce à des « compagnons d'armes » que la chasse prend tout son sens. Que lui est-il arrivé pour renier les préceptes de son père ?
Depuis Fairy Tail, le mangaka a adopté le style de ODA (One Piece), aussi bien dans son aspect graphique que dans les caractères mêmes des personnages. Cela était déjà un peu visible dans Rave Master mais d’autant plus flagrant aujourd’hui. Dès les premières pages on découvre le personnage principal dont les traits grossiers ne lui donneraient pas le premier prix de beauté. Ces traits sont d’autant plus amplifiés lorsqu'il hurle à tout va. Il semble ne pas pouvoir s’exprimer autrement tout comme il semble dépourvu de la moindre intelligence. Durant les combats, il préfère foncer dans le tas au lieu de réfléchir à une stratégie. Tout comme Monkey D Luffy (One Piece), c’est son enthousiasme et ces principes d’entraide et d’amitié qui redonnent du baume au cœur lorsque la situation semble perdue. A ce moment-là, Shiki devient charismatique et son air débile est remplacé par un visage donnant confiance. Ses compagnons se sentent alors pousser des ailes.
Contrairement à Shiki et les autres personnages secondaires possédant des tartis disgracieux, les deux protagonistes féminins de l’histoire sont très beaux. MASHIMA les a soignées. Eilee est une fille solitaire qui préfère chasser seule, elle a une attirance prononcée pour l’argent et est réfléchie. C’est elle le cerveau de l’équipe mais comment voulez-vous élaborer la moindre stratégie avec un abruti qui préfère foncer dans le tas et qui n’écoute rien de ce que l’on lui dit !? Cela entraine forcément des tensions. Ainsi Eilee et Shiki n’arrêtent pas de se crêper le chignon. Sakuya, tant qu’à elle, est la forgeronne de l’équipe. Ces talents de forgeron permettront à nos héros d’améliorer leur équipement. Malgré une santé fragile, elle est joviale et prend plaisir à entrer dans le trip de Shiki en souriant de bon cœur, en lui posant des questions lorsque ce dernier fait une blague ou bien en le soutenant au près de Eilee qui ne parvient pas à le supporter.
Par la suite de nouveaux compagnons feront leur apparition.
Tout comme dans les jeux vidéos, nos héros doivent accepter une mission de la guilde avant de partir en chasse. Si, en tant que traqueur, ils ont vaincu des monstres sans l’accord de la guilde, ces derniers doivent en référer à la guilde car sinon cela serait considéré comme du braconnage. Mais affronter les gigantesques volivres n’est pas chose aisé ! Il faut s’équiper en conséquence en prenant bien soin de prendre différents objets comme des pièges, des calmants permettant d’endormir les monstres et surtout avoir un bon équipement pour résister à leurs attaques dévastatrices.
Après avoir vaincu un de ces monstres, Shiki et ses compagnons récupèrent les matériaux sur les cadavres afin d’améliorer leurs armes et armures. Ces armures, à la différence des jeux vidéos, sont légères afin de mettre en valeur le visage des personnages qui est l’un des points le plus important des mangas puisqu’ils reflètent les émotions des personnages. Cela n’empêche pas ces armures d’être splendides et travaillées. On passera rapidement sur le kelbikini qui donne, l’espace d’un combat, l’impression d’être passée dans un univers echi.
Vient enfin la chasse ! Tout comme les armures, les puissants monstres que chasseront nos chasseurs sortent de l’imagination du mangaka. Afin de bien les présenter dans toute leur prestance, ces derniers ont droit à une page ou double page rien que pour eux avec les informations nécessaires à tout chasseur : Son nom et sa dangerosité. Ces monstres peuvent prendre différentes formes tel que des dragons, des espèces de léopards voire même un lien de famille avec une baleine. Pour les vaincre, il va falloir ruser !
Ruser ?! Monster Hunter Orage suit les codes de One Piece et cela même dans les combats. La force brute et l’utilisation des capacités spéciales des armes de nos héros sont leurs atouts principaux. Shiki utilise deux sabres permettant de contrôler le vent, Eilee utilise un Katana capable de produire des éclairs et Sakuya utilise une fusarbalète –idéal pour les attaques à distance-. A eux trois, rien n’est impossible. Le lecteur retrouvera les habituelles odes à la camaraderie, la persévérance et l’entraide. Et c’est là que le manga diverge avec l’œuvre originale.
Si en effet dans les jeux vidéos, vous devez affronter les monstres à l’aide de votre armement, vous utilisez aussi des pièges et objets permettant de booster vos aptitudes physiques ou d’entrainer des changements d’état sur les monstres. Cet aspect de la licence est peu présente et on se retrouve à assister à des combats où la force brute est privilégiée ; certes bien réalisées, mais loin du potentiel de l’original.
Le fait que CAPCOM a commandé seulement quatre tomes a entrainé de fâcheuses conséquences sur le respect de l’œuvre originale. Là où on aurait pu assister à de grandes chasses mettant en place différentes stratégies, on a droit à des scènes d’action d’anthologies. Malgré tout le manga offre son lot d’humour et d’action. Les fans de One Pece apprécieront tandis que ceux lassés par le genre ou n’ayant pas accroché à l’œuvre de ODA ne trouveront probablement pas d’intérêt aux mangas.