Mon avis sera sensiblement différent que celui ci-dessous sauf sur un point : il y a quelque chose de pourri au royaume de Glénat s'ils arrivent à voir une histoire de gosse alors que dès les premiers chapitres on voit une fillette de douze ans dans le plus simple costume (des tatouages n'habillent pas) et des mecs crever à un coin de case sans qu'on s'y attendent. Il faut croire que l'image du manga est sacrément perverti pour classer dans la littérature pour enfants.
Je ne reviendrai pas non plus sur la charte graphique de Kitoh. Il est certain que le chara-design du mangaka dégage en elle-même une odeur de souffre. On sent le malaise à chaque fois qu'on tourne la page ; une impression qui se renforce au fur et à mesure qu'on avance dans l'histoire. Kitoh n'a vraiment aucun tabou et, non content de suggérer les choses, il n'hésite pas à les montrer de façon explicite dans toute leur horreur.
Ah, je voulais commencer par parler des dessins avant de parler du scénario. Mais ce mélange est somme toute évident tant on peut dégager l'histoire de sa mise en valeur. S'il a bien quelque chose qu'on ne peut retirer à Narutaru, c'est bien cette impression d'une expérience qui n'aurait pas la même saveur en roman ou dans un autre format qu'un manga. Même la couleur serait superflue.
Aussi la disproportion des personnages est à mon sens une des marques de fabriques. Le "mecha-design" est particulièrement réussi, il rappellera à certains les Evas, une référence sur laquelle je reviendrai. Les décors, s'ils ont quelque chose de répétitif (urbanité oblige), restent détaillés. Pour autant, il est certain que je ne chercherai pas forcément à défendre Narutaru pour ses graphismes, le style est bien trop particulier. Non, l'intérêt est bien à chercher du côté du scénario.
En effet, s'il y a bien un reproche qu'on ne fera pas à Kitoh, c'est celui de s'enfoncer dans les poncifs et les stéréotypes d'un genre. Je serai bien en peine de donner mon opinion sur les catégories auxquelles pourraient obtenir ce manga. Je ne mettrai pas non plus en avant Narutaru pour combattre l'image (heureusement en perte de vitesse) comme quoi les mangas ne sont que violence et sexe. Je vous préviens : Narutaru est un manga mature.
Oh, ce message s'adresse aussi à ceux qui ont vu l'adaptation. Passons encore sur une technique qui ne fait pas honneur au support papier (Bokurano est un cadeau en comparaison), c'est surtout que l'anime s'arrête à peu près au meilleur moment. Narutaru ne peut se comprendre sans sa fin. Une fin "obscure", dans l'idée même de celles que je n'aime pas, mais qui a au moins l'avantage d'apporter un éclairage sur tout l'ouvrage. J'en dis peut-être trop en révélant que les fans d'Evangelion (je vous avais dit qu'on y reviendrait) y trouveraient peut-être leur compte.
Ma note est fortement nuancée par une fin décevante à mes yeux. Mais l'ensemble du manga, bien qu'il me dérange fortement (ça reste en deçà d'un "Hallucinations From The Womb" ceci dit, encore heureux), est très intéressant. Une oeuvre que je positionnerai sans hésiter dans une anthologie du manga.