Neuro – Le Mange Mystère est un manga abritant le plus bel exemple d’antihéros dont j’ai pu suivre les aventures. Neuro, ce démon, est classe, drôle et dégoulinant de sadisme. Cohérent dans sa cruauté, sincère dans l’assouvissement de ses désirs, et naturellement aussi monstrueux qu’on est en droit d’en espérer d’une créature des enfers.
Vous l’aurez compris, le personnage principal de l’œuvre est un régal pour les yeux et l’esprit. Son acolyte, Katsuragi Yako, n’est d’ailleurs pas en reste, et ils composent ensemble un duo efficace, jouant en permanence sur leurs contrastes respectifs.
Les premiers chapitres du manga laissent croire à un pattern simple, similaire à ce qui se fait dans le genre policier, avec en bonus un protagoniste dont l’humour et le sadisme sortent des sentiers battus, et en malus, une résolution d’enquête qui ne permet pas réellement au lecteur de réfléchir et de trouver la solution ou le coupable. C’est là un des préjudices de Neuro – Le Mange Mystère, qui à la différence du révéré Détective Conan, ne pose pas tous les éléments de l’affaire avant de révéler l’astuce finale permettant sa résolution.
Néanmoins, ces enquêtes d’apparence classique ont d’abord pour but d’établir le personnage, ses capacités, et surtout son caractère. Passées les premières affaires, l’auteur va constamment épaissir la soupe scénaristique de nouveaux ingrédients, posant intelligemment les bases d’enquêtes futures, élaborant son histoire autour d’un thème particulier : l’Evolution, l’Humanité.
Du côté des dessins, c’est graphiquement modeste. On distingue sans peine un individu de l’autre, mais le trait n’est pas forcément très propre ou très élégant. Malgré cette sobriété, les différents personnages que rencontrent nos héros ne sont jamais fades, réussissant tous à leur manière à contribuer au développement de l’histoire, tout en demeurant variés et sans jamais se faire de l’ombre. La manière dont les individus rencontrés trouvent leur place dans le scénario est un point fort du manga.
Ses autres qualités sont cette intrigue, qui gagne constamment en richesse et intensité, malgré des débuts simples et sans trop d’éclat, et ce facteur d’Evolution qui prend tout son sens au milieu de l’œuvre.
A contrario, on regrettera parfois le schéma selon lequel l'auteur construit ses affrontements, qui peine à se renouveler. Pour autant, ça n'en devient pas inintéressant.
Faiblesses :
- Des enquêtes qui ne font pas vraiment fonctionner le cerveau.
- Un coup de pinceau généralement sans grande beauté.
Forces :
- Un protagoniste génialement mauvais et des personnages dans l’ensemble agréables à suivre.
- Une intrigue dont l’intérêt croît exponentiellement.
J’aurais lu à deux reprises les 202 chapitres composant l’œuvre, et ce, toujours avec une espèce d’émerveillement vorace. Impossible de s’en décrocher, quitte à rogner ses heures de sommeil. Jouissant d’un humour constant, toujours auréolé de sadisme, les petites scènes de la vie quotidienne comme les confrontations explosives trouvent le moyen d’être amusantes.
Sans l’énorme affection que Neuro suscite chez moi, je lui aurais attribué un solide 9/10, mais dans mon état d’adoration éperdue, je ne peux faire autrement que lui attribuer la note maximale.