Ce qui frappe immédiatement dans Orange, c'est la technique graphique utilisée par son auteur, à savoir des dessins uniquement réalisés sur ordinateur. Les couleurs chatoyantes de cette bande dessinée s'opposent à une certaine évanescence des formes qui, parfois, évoquent des traits de pinceau. Le résultat est assez époustouflant. Mon personnage préféré n'est ni d'ailleurs Orange - l'héroïne mal dans sa peau - ni Dashu - l'épave dont elle est amoureuse - mais la ville en elle-même, à la fois crasseuse et somptueuse. Les nombreux passages sur les toits d'immeubles m'ont particulièrement frappé.
Pour ce qui est du scénario, il décrit la souffrance d'une adolescente tiraillée par des sentiments aussi puissants que contradictoires, entre attirance et dégoût, sans personne avec qui partager sa détresse. A la lecture de la postface, l'auteur confirme ce que l'on devinait déjà : il partage avec Orange un profond mal-être. Personnellement, je ne me suis pas senti véritablement concerné par l'histoire parce que l'état d'esprit de l'héroïne m'était complètement étranger. Difficile dès lors d'accrocher véritablement à l'histoire et à ses tirades dépressives. Reste une certaine poésie, triste et désenchantée, qui m'a quand même assez plu.
Une oeuvre définitivement personnelle qui, je le pense, n'aura une véritable résonance qu'auprès d'un certain nombre d'élus se reconnaissant dans la souffrance d'Orange.