Peace Maker est une tragédie en cinq actes.

Acte I, Tetsu est le témoin du massacre de ses parents. Il entre au Shisengumi pour retrouver leur meurtrier et les venger. Il y rencontre Okita, un samuraï adorable mais aux talents insoupçonnés, et Hijikata, le vice-commandant loyal mais prêt à tout pour sauver Kyoto et son clan.

Acte II, les complots se multiplient. L'étau se reserre autour du Shisengumi. Tetsu, qui est protégé par Okita, lui-même enfant prodige du sabre, se retrouve obligé d'affronter ses peurs, et sait que tôt ou tard, il devra tuer et devenir lui aussi, un assassin...

Acte III et IV, les événements s'enchaînent de façon implacable. Le shisengumi ayant réellement existé, le lecteur sait déjà que la tragédie finira mal. Et c'est là que se trouve toute la force du manga: le lecteur croit au combat du shisengumi malgré tout. Il rit avec eux, il voit ces hommes et ces femmes défendre leur ville, il pleure avec eux et pourtant il espère qu'ils vont y arriver. Mais une menace gronde, le sentiment de la fin d'une époque pèse sur l'oeuvre, et une certaine mélancolie persiste.

Peace Maker est un beau manga. Plastiquement, il n'y a rien à dire, les couvertures sont élégantes et les dessins agréables. Les personnages sont touchants, chacun dans leur genre, Tetsu en particulier, à travers lequel toutes les faiblesses et les peurs primales de l'homme transparaissent. Okita, Hijikata et les autres sont les guerriers endurcis, qui ont perdu toute pitié pour l'ennemi, qui lui-même n'en a aucune.

Le manga n'est pas sans défauts: le vocabulaire est parfois assez spécifique (loup de mibu par exemple) et n'est pas toujours expliqué à chaque tome (je vous conseille de lire les cinq tomes d'affilée).

L'histoire est dense (et on sent, derrière chaque scène, tous les non-dits et les histoires que l'auteur a choisi de ne pas raconter, ce qui crée une impression d'inachevé, tant la vie,dans toute sa richesse, semble émaner de ce manga) mais la mise en page ne manque que rarement de clarté. Néanmoins, l'auteur réussit à créer des scènes magnifiques et déchirantes (le début du tome quatre est excellent), qui font la part belle à des personnages sublimés par leur abnégation et leur courage, mais qui restent des hommes au destin tragique, dont la mort bouleverse amis et compagnons d'armes sur fond de troubles politiques.

Le Shisengumi est le héros de cette tragédie en cinq actes. Une tragédie difficile, mais magnifique.

Acte V: Peace Maker Kurogane, la suite de ce manga, que je suis très curieuse de lire.