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Per aspera ad astra - Puissent les héros monter aux cieux et y briller avec les étoiles...

» Critique du manga Ad Astra par Zero70 le
28 Novembre 2018
Ad Astra - Screenshot #1

Ad Astra est un manga assez unique en son genre. En effet, l'auteur, qui ne cache pas sa passion pour l'Antiquité, a choisi de raconter l'histoire de la Deuxième Guerre punique, qui opposa Rome à Carthage. Et cela, à travers deux personnages emblématiques du conflit: Hannibal et Scipion l'Africain.

Alors, pari réussi?

Eh bien oui! Mihachi Kagano est parvenu à brosser une fresque épique de cette terrible guerre en restant assez fidèle à l'histoire. D'ailleurs, on pourrait parler de fresques tant la qualité des dessins est au rendez-vous. C'est la première chose qui devrait vous frapper à l’œil si vous ouvrez le tome I, et rassurez-vous, cette qualité demeure constante jusqu'à la fin. On sent un vrai souci du détail, les planches ne donnent jamais l'impression d'être confuses, bâclées. Les batailles sont toujours claires, on sait à chaque fois où l'on en est, et ce qui se passe exactement.

Au niveau du scénario proprement dit, il suit de manière scrupuleuse la vraie histoire, même si l'on sent que l'auteur a accéléré dans les derniers tomes. Si vous connaissez peu ou pas du tout l'histoire de la Deuxième Guerre punique, je vous déconseille de vous renseigner avant de lire Ad Astra. Pourquoi? Parce que cela vous gâcherait tout le suspens, comme ça a été le cas pour moi, puisque je connaissais déjà très bien ce conflit avant de commencer. Donc tous les nombreux rebondissements ne m'ont en général pas surpris.

Ad Astra - Screenshot #2L'auteur est parvenu à donner vie à des personnages qui ont vécu il y a plus de deux millénaires, et qui sont restés dans les mémoires. D'abord Hannibal, bien entendu. Le Carthaginois est très charismatique, il est l'antagoniste principal, le cauchemar des Romains dont la peur rien qu'à l'évocation de son nom est proportionnelle à son génie militaire. Du coup, il écrase un peu les autres Carthaginois, qui sont loin d'avoir tous ses talents.

Du côté des Romains, il y a bien plus de personnages. Scipion, bien sûr, qui va devoir ronger son frein pendant un certain temps avant d'avoir les responsabilités d'un général. Le personnage est sympathique, mais sans plus, je l'ai trouvé un peu lisse. Il va forger son talent en étudiant les stratégies d'Hannibal, mais aussi les revers des Romains.

L'auteur n'est pas tombé dans le piège qui aurait pu consister à vouloir mettre à tout prix Scipion en avant plus tôt, au risque de forcer l'histoire. À la place de cela, il va montrer comment deux autres Romains, Fabius et Marcellus, sont parvenus à mettre en échec Hannibal en Italie. Les personnages secondaires sont plus développés du côté des Romains, et on pourra voir leur évolution durant toute la guerre.

Ad Astra n'est pas non plus exempt de défauts. Sans doute un peu prisonnier de ses sources, l'auteur n'a pu s'empêcher d'afficher un sentiment pro-romain à certains moments. Ainsi, la prise de Syracuse est montrée de manière très soft. C'est limite si Archimède avait voulu que les Romains prennent la cité! D'ailleurs, le passage fictif de la rencontre m'avait plu au début, mais avec le recul, je le trouve inutile et maladroit.

Ad Astra - Screenshot #3La manière dont est présentée Massinissa et ses motivations est assez risible. C'est juste un traître qui a retourné sa veste au bon moment afin de servir ses intérêts. Il y a toute une partie où je me suis cru dans un drama avec de faux acteurs: d'un côté, le beau Massinissa, bon et courageux; de l'autre Siphax le goret, lâche et méchant. Le lecteur avisé se passera de ce genre de caricature.

Le dernier tome se termine par la fameuse bataille de Zama, mais déborde aussi un peu de son récit afin de livrer une véritable conclusion sur les deux protagonistes majeurs du conflit. Il permet de montrer les conséquences de la guerre, et c'est surtout pour Rome que c'est intéressant. En effet, l'opposition entre Scipion l'Africain et Caton l'Ancien est la première fissure dans la République et elle annonce la crise du Ier siècle av. J.-C.

Beaucoup se sont demandé qui d'Hannibal ou de Scipion était le plus grand. Si on ne regarde que leur seul affrontement, Scipion l'a emporté. Mais il est évident que sur l'ensemble de la guerre, Hannibal a eu bien plus de mérite. Il a conduit une guerre qui était au départ déjà presque perdue d'avance: son exploit, c'est qu'il est passé pas loin de l'exploit. Surtout, contrairement à Rome, il n'a pas vraiment pu compter sur de bons lieutenants, ceux-ci ayant été en général vaincus et tués par les Romains. Bref, pour ma part, il n'y a pas photo.

Un petit mot sur le mangaka pour terminer. Il est suffisamment rare de voir une œuvre de ce genre et de cette qualité, donc j'espère que Mihachi Kagano continuera dans cette voie. S'il est inspiré par les Érinyes, nul doute qu'il se tournera vers les illustres Pyrrhos et Antiochos III.
Sinon, il est plus que probable qu'il s'intéresse au dernier siècle de la République romaine, qui a plus de potentiel à lui seul que tous les romans de Tolkien et de George R. R. Martin réunis.

Verdict :8/10
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A propos de l'auteur

Zero70, inscrit depuis le 29/07/2012.
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