A l'instar d'un Vinland Saga, Planetes est de toute évidence archi-documenté, de façon à proposer non pas une fresque historique épique mais une aventure spatiale parfaitement crédible. Je pense que c'est avant tout cela la force de ce manga court mais dense : proposer de l'anticipation que se tient jusque dans les moindres détails, sans pour autant noyer le lecteur avec un discours scientifique abscons.

L'auteur se projette ainsi dans les années 2070. L'homme a colonisé la Lune, installé des bases sur Mars et prépare un voyage vers Jupiter. Les héros, de diverses nationalités, sont des astronautes récupérateurs de débris, ce qui veut dire qu'ils s'occupent de nettoyer tout ce qui traîne en orbite autour de la Terre. Ce travail peu glorieux prend tout de même une dimension intéressante quand Yukimura fait planer l'ombre du syndrome de Kessler, un scénario de 1978 qui, en gros, imagine qu'au delà d'un certain seuil de concentration de débris, l'exploration spatiale deviendrait impossible.

En à peine quatre tomes, les personnages principaux prennent de l'âge et évoluent très nettement. Impossible de se pas se sentir concerné par la destinée de chacun... Malgré tout, la trame scénaristique se fait discrète au profit d'une narration par brides développant des moments de vie quotidienne, dans l'espace, sur la Lune et sur Terre. Sublimé par de nombreuses pages en couleur, le dessin est d'une précision exemplaire, les visages expressifs, les cadrages parfaitement réfléchis. Du grand art, loin de la froideur typique des oeuvres de SF spatiale.

Crédible, passionnant, saupoudré d'un humour irrésistible, Planetes s'impose comme un chef-d'oeuvre de hard science-fiction accessible au plus grand nombre. Bluffant.