Après la série ''Spirale'' de trois tomes, j'ai eu envie de m'attarder sur son auteur, mais surtout sur ces œuvres. Ayant eu pas mal de succès et régnant presque en maître sur la scène de l'horreur dans le manga, Junji Itô nous livre ici un One-shot de toute beauté !
Une année avant ''Spirale'' Rémina a comme instauré le grand début de l'auteur, j'en garde et j'en garderais un souvenir vraiment troublant. Je risque peut-être d'en faire trop en vous disant que ce manga est une œuvre, qui pour moi, se représente le mieux l'image que je me fais du cauchemar. Tout en laissant de nouveau sous-entendre un message, qui sera beaucoup plus évident dans son manga suivant, Junji Itô propose de nous plonger dans un monde de plus en plus inquiétant.
Accompagné d'une petite nouvelle, qui va parfaitement en complément de l'histoire, Rémina est vraiment d'une qualité exemplaire, c'est ce que nous allons décortiquer ensemble.
La peur, un sentiment que je trouve vraiment très intéressant, car l'homme le partage avec tous les autres êtres vivants... Qui n'a pas déjà eu peur de la mort de notre propre civilisation ? Que l'humanité, que notre planète connaisse une fin tragique et inévitable... C'est donc, dans les grandes lignes, ce dont va parler l'histoire du manga. Avant la fin de toutes choses, c'est donc logiquement la panique, mais une panique qui ira en crescendo sans jamais s'arrêter... Comme s'il s'agissait d'une sorte de cauchemars sans fin. Une planète qui en dévore d'autres se fait découvrir au loin dans l'espèce, mais cette dernière découvrit aussi la terre et s'en approche pour la dévorer...
C'est donc important de retenir ce que je viens de dire pour ce manga, car l'ambiance est vraiment de plus en plus cauchemardesque, ou du moins je l'ai vraiment ressentit de cette façon. J'ai été sacrément bouleversé. Notre monde qui nous est représenté dans une sorte de Futur assez proche revient à des bases de plus en plus primitives et le chaos vient à régner en mettre sur cet univers qui avait l'air si propre et sans problème.
Pour revenir sur le fait que l'aspect cauchemardesque sera de plus en plus présent, je voudrais parler en détail du système de progression de la trame scénaristique.
Pour commencer, on voit l'héroïne sur une croix, qui va se faire brûler par une foule en délire au milieu d'une rue... On donne déjà le ton de l'oeuvre par cette brève scène de deux pages, qui montre aussi clairement que l'histoire risquerait de mal se finir.
Enfin, nous commençons quelque temps avant cette précédente scène d'horreur. Le début est assez rapide, il met en place les quelques personnages, d'une façon assez rapide... C'est d'ailleurs assez dommage que ce soit si bousculé, l'héroïne est du genre renfermé, car ça mère est morte, puis ça n'ira pas chercher à développer la chose... Cette introduction des personnages et du cadre mi-moderne mi-futuriste, pour en suite laisser place petit à petit à l'enfer.
Pour finir sur une fin assez étonnante, révélant une petite chose sur un personnage, puis qui se finit bizarrement bien. Je parle ici de bizarrerie, car ce n'est le genre de l'auteur à faire que ces histoires qui est de bonnes fins et des personnages qui vivent jusqu'au bout, puis ici... Il fait une toute petite exception, qui rend le final assez sympa à voir et surtout très inattendu.
Quand j'ai parlé de la partie qui montrera une sorte d'enfer sur terre, il faut savoir qu'elle sera vraiment éprouvante. Que ce soit dans le bon sens, et dans le mauvais sens du terme.
Éprouvante, car aussitôt commencé elle n'aura presque plus de répit, ce qui fait facilement penser à certains films d'action qui veulent en faire des caisses, en ne faisant jamais arrêter leurs actions... Ce qui peut aussi être pas mal du tout, ça tiens vraiment bien haleine, je me suis surpris à me languir de pouvoir lire la suite.
Éprouvante d'une autre part, car on veut en faire de tonnes en nous montrant donc la folie humaine, la décadence de l'espèce humaine qui se laisse au chao. C'est aussi un bon concept, assez bien exploité, qui va comme je l'ai dit plus haut, de pire en pire. Malgré tout, je pense que c'est plus un bon point qu'autre chose, ça rajoute un très bon rythme à la progression et ça montre que l'auteur sait vraiment bien donner du punch à une de ces histoires.
On peut donc voir qu'il y a du bon est du mauvais, dans ce qui sera la plus grosse partie du manga, néanmoins c'est assez proche de la réalité ce qui n'est pas vraiment la tasse de thé de l'auteur. Ce dernier est beaucoup plus accès vers le registre très fantastique, du coup il se laisse aller à ces habitudes par moment, ce qui peut en faire sourire certains. Je m'explique, l'histoire se rapproche pas mal d'un récit de catastrophe, voyant clairement qu'il s'agit d'un univers avec une espèce humaine un chouia plus en avance sur la notre, on est donc en droit de ce dire qu'il s'agit ni plus ni moins d'un récit assez sérieux. Malheureusement, dans un ou deux passages on se retrouve nez à nez avec du fantastique très prononcé, qui n'est parfois tellement pas adapté qu'on se demande ce qu'a bien put fumer l'auteur pour en arriver à faire prendre un tel tournant à l'intrigue.
Pour ma part je ça ne m'a pas dérangé, je connais l'auteur et ces coutumes, puis j'aime bien voir que l’histoire parte un peu dans tous les sens, ça la rend presque épique sur certains passages. Mais il est clair que quand on s'attend à une œuvre un peu plus mature, on sera assez surpris à quelques brefs moments.
Sans oublier que ce One-shot se termine par une petite histoire, d'un quart du volume, assez particulière pour qu'on y prête attention.
Des milliards de solitudes Watanabe jeune otaku de surcroit vie seul reclu dans sa chambre depuis 7 ans, depuis le collège il a coupé les liens avec le monde et ceux pour des raisons qui ne seront pas dites.
Puis soudain en écoutant la radio un programme pirate est diffusé à la radio, un étrange discourt diffuser par une organisation ce nommant "des milliards de solitudes", ce psaume demande a la population de ce tenir la main être unis, mais ici ça sonne faux et macabres.
Au même moment on retrouve porter par le courant plusieurs cadavres cousus ensemble par du fil de nylon.
Petit à petit de nombreux groupes de cadavres comme celui-là font leur apparition.
Viens alors la réunion des anciens, où Watanabe et convié et la belle de son coeur refait son apparition.
Qu'elle est donc cette organisation "Des milliards de solitudes"? Comment les corps sont-ils ainsi cousus et par qui? Pourquoi s'attaquer aux groupes?
Il faut donc quelques mots maintenant pour parler de cette nouvelle en fin de tome... J'ai parlé d'elle comme une sorte de ''bon complément'' à l'histoire de Rémina, grâce à son côté cauchemardesque aussi... Cette fois-ci c'est très subtil, pas une goûte de sang, ni rien... J'ai vécu cette histoire courte comme une bonne Creepy pasta, on en sait pas beaucoup plus à la fin de l'histoire que ce qu'on en savez au début. On peut même parler de fin en ''queue de poisson'', mais ce conte fantastique est vraiment bouleversant, j'ai même été plus bouleversé par celui-ci que par Rémina.
Sachez aussi qu'une sorte de message se glisse dans ce One-shot. Mais je n'en tiendrais pas compte lors de la notation, car les deux messages sont bien différents, je m'explique... Dans l'histoire Rémina, le message est vraiment compliqué à cerner pour au final n'être qu'un petit rien du tout, c'était peut-être même mieux de ne pas avoir essayé de nous livrer un message. Alors que dans des milliards de solitudes, on peut rapprocher ça à une sorte d'humour noir, dénonçant le mode de vie des japonnais. C'est donc à la fois bon et mauvais, l'histoire la plus poussée et la plus longue hérite d'un message tout bête, alors que la nouvelle en fin de tome dénonce d'une très belle façon. Plus tard dans Spirale ''le message'' sera vraiment très bien maîtrisé par l'auteur, cette œuvre est donc clairement un coup d’essai, un ''Avant-Spirale'' comme j'aime l'appeler.
Pour finir venons-en aux dessins, j'ai préféré finir par ces derniers puisque les deux histoires sont du même style. De très beaux dessins une fois de plus, mais ils se ressemblent beaucoup trop à toutes les autres œuvres du même auteur... L’héroïne est d'ailleurs la même que celle de Spirale, avec les cheveux noirs. Mis à part ces traits qui ont du mal à évoluer, son style qui rappel trop ces anciennes ou ces futures œuvres, l'auteur nous offre tout de même des personnages bien variés, ce qui peut nous faire oublier ce petit défaut.
Les expressions du visage sont aussi assez soignées, c'est mis à part le petit problème que je viens de citer on a à faire à des dessins de qualités. Surtout quand la fameuse planète Rémina nous est montrée sur quelques images, on voit clairement le potentiel terrifiant que l'auteur peut donner à ces dessins.
Ce qu’il faut retenir :
Les +:
- Ambiance bouleversante, avec un effet cauchemardesque qui ira en crescendo.
- Final étonnant et inattendu
- Une histoire bien pensée qui ira parfaitement en complément avec le manga en lui même.
- Un coup de Punch à l'histoire, qui donne un rythme bien soutenu.
- Dessins de qualités et assez terrifiants par moment.
Les -:
- Psychologie des personnages presque inexistante.
- Des dessins qui font beaucoup trop penser aux autres œuvres du même auteur.
- Certains passages bien trop fantastiques qui pourront en faire sourire certains...
Une œuvre qui m'évoque deux autres titres...
Elle me fait penser à un Dragon Head, notamment grâce à une scène de poursuite dans une ville détruite, mais aussi grâce à la réflexion qu'il veut faire passer sur la peur... Beaucoup moins recherchée que dans Dragon Head et assez mal introduite, cette petite réflexion passera facilement inaperçue. Je trouve aussi que cette œuvre est l'avant-Spirale de Itô Junji, on remarque rien qu'au niveau de la couverture quelques similitudes. Un déroulement de la trame scénaristique qui fera beaucoup penser à un film de catastrophe, fait donc aussi un gros point commun avec Spirale.
J'ai donc au final beaucoup apprécié ce manga, c'est un One-shot que l'on se doit d'avoir lu à mes yeux. Mis à part aux plus sensibles d'entre vous, je le conseillerais à tous les amateurs d'histoires fantastiques, cette histoire de planète, aussi terrifiante que la Lune dans le Zelda Majora's Mask, vaut de détour, d'autant plus qu'elle est complétée d'une histoire supplémentaire assez bouleversante! L'auteur s'essaye aussi à vouloir faire passer deux petits messages dans Rémina et des Milliards de solitudes, c'est un petit plus non négligeable que j'ai personnellement bien aimé.
Un manga qui montre beaucoup en très peu de pages, j'ai ressenti pas mal de choses en si peu de temps, comme dans un bon film fantastique pour ma part.
Ps: Attention aussi au fait que ce soit pour un public averti, la Violence est omniprésente.