Rough m’a offert tout ce que je pouvais attendre d’un manga d’Adachi : une petite histoire de famille, une romance entre deux adolescents, une rivalité, de la camaraderie et surtout de la bonne humeur avec la natation cette fois comme thème de fond. J’admire toujours le vieux coup de crayon d’un auteur dont j’avais déjà apprécié Katsu! J’accroche toujours autant à l’ambiance délibérément gentillette de ses œuvres.
Si en commençant la lecture je me suis dit que le dessin était trop vieillot (20 ans quand même) et que j’aurai du mal à accrocher aux personnages, j’avoue que j’ai beaucoup apprécié les protagonistes de Rough. Ami est une héroïne typiquement mignonne qui trahit dans un premier temps un sale caractère, beaucoup de malice et d’animosité avant de s’attacher à Keisuke. Celui-ci est très sobre à l’instar des héros d’Adachi. S’il s’agit manifestement d’un adolescent tout ce qu’il y a de plus banal, qui manifeste une conduite exemplaire et semble un peu au dessus de tout. On le voit souvent partir de son petit pas de course tranquille. Il a aussi des voisins de dortoir qui excellent tous dans un sport particulier et qui viennent mettre l’ambiance.
Les douze volumes sont très vite lus car l’auteur n’hésite pas à placer des planches dans un esprit purement contemplatif mais jamais dépourvues d’intérêt. Adachi nous offre une fois de plus une lecture très fluide et aérée. J’ai particulièrement apprécié sa façon de pulvériser le 4e mur. Souvent l’auteur reprend une affirmation faite il y a 5 tomes et la corrige pour ficeler son scénar, parfois il s’étonne qu’un silence pèse sur trois planches ou qu’il n’a plus le temps de faire une révélation car il manque une case. C’est une touche comique unique et jouissive chez Adachi. Il joue avec son œuvre, trafique son récit à sa guise, se fiche souvent de lui-même et on l’aime bien comme ça.
Sinon Rough raconte une histoire au fond tout ce qu’il y a de plus banale. Il ne faut pas chercher de scénario étriqué là-derrière : un simple triangle amoureux, une querelle de famille, une rivalité sportive. C’est simple, c’est frais et c’est léger. Une véritable bouffée d’air que de voir la manière dont notre vieux mangaka (Adachi a 58 ans) représentait à l’époque le monde de l’adolescence avec bonheur, optimisme, un poil d’idéalisme mais beaucoup de clins d’œil complices.