Saiyûki, le terme japonais pour le conte chinois du Voyage en Occident, racontant le voyage de Sanzô et ses trois compagnons vers l'Ouest pour détruire Gyûmaô, le roi des monstres.
Dès le titre, Kazuya Minekura nous montre qu'elle ne fera pas un "Saiyûki" classique, vu que le "sai" de l'occident se transforme en "sai" voulant dire "le plus". Ainsi, on peut traduire le titre par "Voyage vers l'extrême", malgré une prononciation japonaise identique au Voyage en Occident.
Il ne faudra pas attendre longtemps pour comprendre en quoi l'histoire n'est pas "classique". Les personnages sont pris à l'inverse de ce qu'ils sont dans le conte d'origine. Le porc Hakkai devient le plus agréable, le bonze Sanzô se retrouve avec un caractère à frémir, etc...
Au final, c'est un gang de anti-héros qui se lance dans une quête, dans un univers classique mais modernisé à la fois (vu qu'ils se déplacent à l'aide d'un dragon se transformant en jeep et fument clope sur clope). Ils sont opposés à tous les monstres qu'ils croisent sur leur passage, ainsi qu'à Kôgaiji, fils de Gyûmaô, dont l'équipe a plus de moralité que celle de Sanzô ^^;
Les deux principaux points forts de Saiyûki sont son humour et ses personnages.
Son humour, d'abord, avec le côté décalé par rapport au conte d'origine, par rapport à ce que devraient être les personnages. Mais aussi, un comique de répétition qui marche du tonnerre. Et la 100e fois où Gokû dit "j'ai faim" est toujours aussi drôle. Ce comique de répétition est encore plus marqué par les relations entre les quatre personnages principaux, qui s'affublent de magnifiques petits noms et se vannent à longueur de journée (quand ils ne se menacent pas l'un l'autre de mort).
On aura donc compris que les personnages de Saiyûki sont hauts en couleur, "gentils" comme "méchants" et font toute la force de ce manga qui pourtant n'avance pas bien vite.
D'ailleurs, la trame scenaristique, bien que présente, n'a rien d'extraordinaire, et s'étend bien longuement, laissant de côté des aspects pendant de nombreux chapitres...
Un dernier point à aborder est l'aspect graphique. Bon nombre de personnes ont du mal avec le style de Minekura. On y peut rien, et si vous y êtes réfractaires, je comprends que ce soit dur de se plonger dans Saiyûki. Néanmoins, le style d'e l'auteur évolue énormément et les planches dans les derniers tomes de Saiyûki, puis dans Saiyûki Reload, deviennent absolument sublimes, avec des fois un réalisme impressionnant, des cheveux détaillés de façon extraordinaire et des pages couleurs magistralement contrôlées. (D'ailleurs j'avoue posséder les 8 artbooks de Minekura parus à ce jour, parce que pour la couleur elle place vraiment la barre haut.)
Au final, je recommande chaudement Saiyûki, dont la traduction française est d'ailleurs de très bonne facture (j'ai été impressionnée par la variabilié des insultes toutes aussi fleuries les unes que les autres) ! Principalement pour les filles de plus de 14 ans, mais je suis sûre qu'y a des garçons qui aiment !