Dans sa structure et ses thématiques, Shuna no Tabi a toutes les caractéristiques du conte à l'ancienne. Néanmoins, Miyazaki réussit une fois de plus à nous bluffer par la qualité de son univers et sa maîtrise narrative indéniable. En dépit de dessins très colorés, le monde présenté apparait sombre et cruel, peuplé d'esclavagistes et même d'anthropophages. Aucune organisation politique n'est dépeinte mais une chose est sûre, les gens souffrent de disette et sont forcés d'abandonner leurs villages. Pour Shuna, l'espoir renait sous la forme d'une graine quasi-magique. Pourra-t-elle sauver son peuple de la faim ? Son périple vers l'ouest prend vite l'allure d'un voyage initiatique où le jeune prince découvre les merveilles et les horreurs du monde, aux confins duquel il rencontrera les « hommes-dieux ».
Les dialogues sont assez rares mais le narrateur neutre est quant à lui très bavard. Les dessins sont en réalité de simples (mais ô combien réussies) illustrations d'un conte écrit qui se tient parfaitement tout seul. Bien qu'assez classique dans le fond, l'histoire est une petite merveille magnifiquement mise en image et qui rappelle parfois Nausicaä. Aujourd'hui, c'est surtout sa parenté avec Les Contes de Terremer qui saute aux yeux, car Goro Miyazaki a très amplement pioché dans l'univers de Shuna pour son film, notamment le design du vaisseau immobilisé dans le désert, la citadelle et les esclavagistes. Pas de panique, les deux aventures n'ont en fait pas grand chose en commun si ce n'est leur graphisme.
Inspiré d'un conte tibétain, Shuna no Tabi vous propose de vivre une aventure épique riche en émotions et en rebondissements. Ce court manga de Miyazaki est un vrai petit bijou à ne surtout pas manquer.