Cela va faire longtemps que j'ai en ma possession les deux volumes de ce manga dans ma bibliothèque. Plusieurs années, il me semble. Mais alors, pourquoi écrire une critique seulement maintenant? Ah, navré, c'est du domaine de la vie privée, ça ne vous regarde donc pas. Plus sérieusement, j'ai relu récemment ces tomes susnommés, et c'est avec surprise que j'ai découvert que je prenais toujours autant de plaisir à plonger dans cette histoire, malgré le temps qui passe (et là, vous avez tous pris dix ans en plus dans les dents)...
Someday's dreamers, donc. Le premier mot qui me vient en tête pour désigner cette œuvre est : "fraîcheur". Pourquoi donc? En premier lieu, pour l'ambiance assez unique qui se dégage de ce titre. C'est... un semblant de calme, de sérénité. Oui, j'écris bien un "semblant", car malgré l'aspect tranche de vie (et pas "slice of life", okay? C'est moche, "slice of life", trop tranchant. Cherchez pas à comprendre, je suis fou) dominant, il se passe bon nombre de choses. En deux volumes, vous allez suivre l'évolution de Yume, jeune fille de 18 ans adorable, innocente, qui ne souhaite faire que le bien autour d'elle. Malheureusement, elle est un peu trop naïve (je vous rassure tout de suite, cela ne la rend aucunement insupportable). Et ô joie, ce trait de caractère sert le scénario! Car c'est bel et bien le passage à l'âge adulte de Yume qui est la clé de l'œuvre, ce fameux moment où l'on réalise que non, le monde n'est pas si simple à comprendre et qu'on ne peut pas tout résoudre d'un simple claquement de doigt. En gros, la perte de sa naïveté sur l'univers qui l'entoure sera le fil conducteur de l'histoire. Et pour ce faire, notre petite Yume va affronter le cœur d'autres personnes, ayant subi une injustice, la perte d'un être cher, ou autre, et tenter de les aider grâce à la magie.
Car oui, les enfants, si vous n'avez pas lu le synopsis juste au-dessus que j'ai moi même écrit, il y a de la magie dans ce manga. Et de la vraie, celle que seulement quelques personnes peuvent utiliser grâce à la force de la volonté, pas besoin de formule magique ou d'un morceau de bois pour l'utiliser (haha, plus fort que Harry Potter, ça existe!). Néanmoins, là où nous sommes tous d'accord pour dire que l'existence de la magie telle que je la décris n'est en rien originale (Fairy Tail and co nous l'ont maintes fois prouvés à vous et moi), il faut bien reconnaître que son traitement l'est. En effet, ici pas d'écoles à la noix, pas de guildes, non, rien de tout ça, nada. Et que ça fait du bien, pour une fois! Enfin une variation sur ce thème! C'est ce deuxième aspect qui m'a amené à caractériser cette œuvre de "fraîche". Notre histoire se passant dans notre monde moderne, les sorciers sont soumis aux règles de la société et du gouvernement. Certains sorts sont ainsi interdits (créer de l'argent par exemple) et ils ont besoin d'une licence pour exercer, et ainsi ouvrir une officine de magie. C'est en ce lieu qu'ils accueillent leurs clients, et sont tenus d'exaucer leur souhait, pouvant aller de : rendre une personne célèbre, la faire voyager dans le temps, en passant par la régénération d'un membre du corps... C'est d'ailleurs un des aspects que j'ai apprécié dans ce manga : tout est possible (ou presque...) et c'est dit clairement. Ici, pas de classification des pouvoirs, les magiciens sont tous surpuissants et capables de faire de grandes choses. Néanmoins, on ne se dirige pas pour autant dans la surenchère, à coup d'échange de sorts destructeurs pour savoir qui est le plus fort. Non, on reste dans la simplicité, dans l'aspect sentimental de la chose et c'est fort appréciable. Autre chose intéressante : ne sont pas pour autant oublier les aspects négatifs de la magie. Tous les sorciers ne sont pas des saints, certains abusent de leur pourvoir. Cela, vous me direz, est "normal". Mais ce qui est intéressant, c'est l'étude de son impact sur cette communauté. Ce côté de la magie, souvent oublié dans les nombreuses autres histoires que j'ai lu, est bien amené, et apporte une petite réflexion sur ce fameux thème. En effet, on assistera très clairement, et ce, à plusieurs reprises, à la discrimination que subissent nos magiciens. De même, même si la puissance parfois déployée est impressionnante, n'oublions pas que des actions restent impossibles à réaliser, ou bien que l'échec n'est jamais bien loin.
Bref, je retiendrais ce côté humain de la magie, où l'on découvre que le dialogue devient essentiel pour qu'elle puisse correctement fonctionner. Elle possède un aspect psychologique assez inattendu, car comme le dit Yume, il est possible que les clients se rendent compte de problèmes suite à cette discussion, et finalement change d'avis. Un nouveau genre de thérapie, en quelque sorte. Signalons par la même occasion que les situations dans lesquelles se retrouve notre héroïne sont sans cesse renouvelées et jamais lassantes, ce qui procurent un bon rythme au manga. De même, de nombreux personnages interviendront dans l'histoire, assez loin des stéréotypes, avec une mention spéciale pour le mentor de Yume, dont le problème sera résolu d'une splendide manière. Une belle leçon de vie, très touchante. C'est d'ailleurs une qualité que l'on retrouve dans tous les évènements qui composent l'histoire : c'est émouvant, touchant mais jamais niais, et le pathos est absent. Excellent équilibre de la part des auteurs, auxquels je tire mon chapeau. Sans compter que l'on ne s'éternise pas : ces deux volumes se suffisent très bien à eux même, et la fin est réussie. Que demander de plus?
Enfin, dernier aspect m'ayant conduit à ce fameux terme de fraîcheur: le dessin. Tout en rondeur et fin, il est très agréable à l'œil. Le design, tout en restant classique, possède sa propre patte, avec un aspect de légèreté qui fait du bien. Même si parfois je me suis demandé s'il n'y avait pas des problèmes d'impression, car certains éléments étaient parfois à peine esquissés. Les décors existent, même s'ils ne sont pas prédominants, les trames sont utilisées simplement, ne servent pas des effets impressionnants, et la construction des pages n'a rien d'originale mais sert très bien l'histoire. Je retiendrais tout de même quelques superbes doubles pages et couvertures, ainsi que des illustrations aux couleurs pastelles magnifiques. Un régal pour les yeux.
Alors certes, Someday's dreamers n'est pas un chef d'œuvre. Certes, ils ne transportent pas de messages alambiqués. Certes, il existe mieux niveau dessin. Mais dans le genre tranche de vie teintée de fantastique, il renvoie dans les filets de nombreuses autres œuvres, grâce à sa simplicité, ses histoires touchantes, et son traitement de la magie. Bref, je suis sous le charme. C'est reposant à lire, et lorsqu'on referme le deuxième et dernier volume, on se surprend à sourire et à considérer la vie sous le bon côté. Et je vais m'arrêter là, sinon je vais m'envoler dans des délires lyriques qui ne me siéent vraiment pas. En tout cas, très bon travail. Vraiment, c'est à lire. Un manga tranche de vie avec du fantastique sans moe, sans niaiserie et sans pathos réussi, il serait vraiment dommage de passer à côté, tout de même.