Tsukasa Hojo nous offre un récit d’un genre auquel il ne nous a pas habitué. Pas d’enquête policière ni de chasseurs de prime, juste une petite fille, ses pouvoirs paranormaux et quelques petites historiettes dans la nouvelle ville où elle monte son magasin de fleurs avec son père. A noter qu’un premier chapitre introduisant Sara figurait dans « Le Temps des Cerisiers » un one-shot paru la même année. Une lecture indispensable pour mieux apprécier « Sous un rayon de soleil » car des éléments sont repris dans le second tome.
On s’attache très vite à la petite Sara, à la fois adulte et mystérieuse. Malgré son apparence trompeuse de petite fille, elle est dans la lignée des héroïnes d’Hojo avec des traits qui rappelleront par moment la gentillesse incarnée de Kaori ou la malice de Shion. Le père est un clone d’Umibozu, l’éléphant de « City Hunter » : même carrure, mêmes lunettes, même tendance à faire fuir les clients tout en étant bien plus sensible qu’il ne paraît. Cette petite famille vit dans un grand camion qui comprend un magasin de fleurs. Cette mise en train de l’intrigue est on ne peut plus curieuse : pourquoi parcourent-ils les routes ? Quels secrets cache la petite fille ? D’où lui vient cette aptitude à communiquer avec les plantes ?
Les trois volumes datent de 1993 et le trait de Tsukasa Hojo était déjà bien affûté. Si le design est dans la parfaite continuité avec tout ce qu’il implique de soin et d’expressivité, « Sous un rayon de soleil » présente en outre un tableau plus rustique qu’à l’accoutumée. On sait désormais qu’Hojo excelle dans l’art de représenter la nature et ses végétaux, de leur donner vie et de les mettre en harmonie avec l’homme. L’ennui c’est que l’auteur pousse un peu trop loin l’apologie de la nature. Sara affirme qu’il ne faut pas casser une branche d’un cerisier, qu’il faut parler aux fleurs avec douceur et bien s’en occuper. Elle va jusqu’à montrer que les émotions de l’homme et de la nature sont réciproques, que les deux êtres se reflètent tels des miroirs et que les végétaux évoluent pour le salut de l’homme et que même les ronces et les épines ont une raison d’être.
Cette exagération accentuée rend le récit un peu trop mièvre alors que l’ambiance est bonne et l’humour léger. On sent que l’auteur aborde une thématique qui lui est chère mais succombe à la tentation en lui donnant une touche fantastique pour amplifier le merveilleux qu’il prête à la nature. C’est dommage car ces histoires simples touchent juste et montrent qu’il était possible d’aborder la thématique sans recourir au surnaturel. « Sous un rayon de soleil » n’en reste pas moins une très belle histoire qui saura réveiller l’amour pour la nature qui sommeille en chacun.