Satoshi Mizukami a fait forte impression dans nos contrées avec la sortie de Samidare en 2012. Le dernier manga de l’auteur, Spirit Circle, s’est achevé il y a quelques mois dans le magazine Young King Ours. La série fera en tout 6 volumes. Je n’ai pas attendu qu’on annonce une prochaine sortie chez nous pour me jeter dessus.
On suit la quête de Fuuta Okeya, un jeune homme qui a la faculté de voir les esprits et qui cache une étrange cicatrice sur la joue. Sa rencontre avec Kouko Ishigami, une jeune fille fraichement transférée dans son école et accompagnée d’un fantôme nommé East, va bouleverser son existence. Après avoir vu la cicatrice sur la joue de Fuuta, Kouko lui file une raclée à l’aide d’un cercle spirituel. Quel secret se cache derrière cette cicatrice ? Pourquoi cette réaction de Kouko ? Suite au coup qu’il a reçu, Fuuta entre dans un long sommeil où il fait un rêve étrange, d’une toute autre époque…
Un long sommeil qui lui permet en réalité de revivre une vie antérieure. Ce sont en tout pas moins de sept expériences de ce genre que notre héros est appelé à faire et chacune de ces réincarnations sont autant de récits plaisants à suivre. Le concept donne au titre un côté dépaysant car le lecteur visite plusieurs époques, différentes civilisations. Et il faut avouer que certaines réincarnations possèdent un fort impact émotionnel. C’est d’autant plus louable que l’auteur ne fait pas l’erreur de trop s’étaler : quelques chapitres lui suffisent pour raconter une de ces vies antérieures. Au centre des enjeux : les regrets, la culpabilité et surtout le karma qui semble poursuivre notre jeune héros à travers les temps. Fuuta aura du mal a digérer l’histoire de tous ses alter egos en conservant son identité. Il lui faudra aussi faire les liens entre ses différentes expériences passées pour comprendre le ressentiment de Kouko. Et c’est au lecteur de faire attention aux quelques Chekhov’s guns que l’auteur éparpille ici et là.
Le dessin est spécial ; c’est toujours un peu le bât qui blesse chez Satoshi Mizukami. Les décors d’arrière plan restent souvent extrêmement limités. Son trait atypique permet de facilement reconnaître les personnages dans l’entourage de Fuuta à chaque réincarnation. Cela produit un peu le même effet qu’un Phénix de Tezuka où le même personnage au gros nez apparaissait à travers les âges. Là où on observe le plus clairement une progression chez l’auteur, c’est au niveau de l’angle de vue et du découpage des scènes d’action.
Spirit Circle nous raconte une histoire totalement déjantée dont seul l’auteur du Biscuit Hammer a le secret. Je n’ai pas vraiment pris au sérieux l’intrigue, un peu trop tordue, mais qui plaira sans doute à ceux qui ont aimé Samidare. Le récit dégage la même folie, le même côté mystérieux, initiatique dans une certaine mesure. L’idée de faire vivre au héros ses différentes réincarnations offre à l’ensemble une touche unique et exotique qui permet de varier les lieux, les époques et les registres. Le tout va bon rythme et n’est pas trop maladroitement ficelé en 6 volumes. Alors, à quand une publication dans nos contrées ?