Stairway To Heaven est un manga d'une originalité exceptionnelle, que l'on doit à l'auteur du chat "Michael", Makoto Kobayashi. Celui-ci décide ici clairement de s'attaquer au manga érotique, en peignant "l'enfer" des plaisirs charnels, où notre héroïne est condamnée à errer jusqu'à ce qu'elle éprouve du plaisir.
On pourrait s'attendre à de la grosse comédie obscène bourrée de scènes hentai du plus mauvais tonneau, mais il n'en est rien : l'humour est omniprésent, sa finesse n'est jamais prise en défaut, et l'érotisme ne vire jamais au vulgaire. Ce manga est un miracle de la production japonaise, le seul peut-être à être une véritable oeuvre dans ce genre sur-représenté et ridiculement obscène qu'est le hentai.
On est déjà intrigué par l'histoire, qui se plaît à détourner tous les tabous et idées-reçues, inversant la vapeur pour se livrer à un exercice à la fois iconoclaste et hédoniste, choisissant de se moquer d'un moralisme envahissant et d'un hygiénisme malsain : ici, les pénitents ont une mission, jouir du mieux qu'ils peuvent et le plus intensément possible, et peu importe comment. Les animaux de cet enfer très particulier bénéficient effectivement tous d'attributs masculins, que ce soient des lapins à corne (en forme de pénis évidemment), les poulpes, ou même les rochers, dressés vers le ciel en exhibant une érection monumentale.
Dans cet univers délirant, la seule à refuser d'abandonner ses réticences est Chiya, et l'on pleure très souvent de rire devant les procédés dont elle use pour tenter de préserver cette virginité très convoitée par des êtres tous aussi impuissants les uns que les autres. Très peu de scènes de sexe, voire aucune, et l'auteur privilégie plutôt un comique de situation des plus efficaces, où jamais la nudité n'est présentée sous un jour culpabilisant ou malsain.
Surtout, c'est le premier manga érotique qui place la femme en position de supériorité : les hommes y sont tous ridicules ou presque, tout droit sortis de "l'enfer des puceaux" (hilarant) ou de celui des voyeurs, et ils sont tous bien trop faibles pour pouvoir prendre avantage de ces demoiselles sans qu'elles le veuillent.
Kobayashi s'amuse, faisant presque une oeuvre féministe, et, dans son désir de détourner les tabous et les stéréotypes, il se permet de nous présenter le premier manga érotique où tout le monde a droit de cité : les grosses, les maigres, les moches, les chauves (car Chiya sera chauve pendant un certain temps), celles qui ont des petits seins, des gros seins, etc. Aucun stéréotype sorti de Playboy ici, simplement des femmes comme les autres, et cela fait plaisir de lire enfin un manga "érotique" où l'auteur ne dessine pas des personnages féminins réduits au rang de poupées gonflables de sex shop.
En mettant aussi la pseudo-puissance de l'homo erectus en veilleuse, il assure à ses héroïnes le plein contrôle de leurs désirs, et éradique définitivement la tentation inepte du machisme, rendu impossible dans cet univers pour cause de faiblesse masculine congénitale.
Un manga qui fait plaisir à lire et qui contentera à la fois les hédonistes, les contestataires, les amateurs d'humour fin et d'érotisme élégant... Amateurs de Hentai et de ecchi, passez votre chemin, ici on n'est pas chez Oh ! Great !