Tensai Family Company, un manga qui se fait discrèt sur le marché actuel du manga, malgré d'importantes qualités. J'avoue ne pas tellement savoir par où commencer, car le contenu est assez dense, mais de manière générale, trois points principaux seront étudiés ici: les graphismes, les personnages, le scénario...
Premièrement, les graphismes, car c'est ce qu'on observe d'abord avant d'cheter un manga: soyons francs, le graphisme n'est pas de première qualité, et tient plus du brouillon qu'autre chose, et pourtant, une fois passé le premier choc, on ne peut que se dire que finalement, c'est ce qui convenait le mieux pour un tel manga. En effet, quoi de mieux pour décrire les aventures hilarantes d'une famille pas comme les autres que de faire le choix d'un graphisme somme toute assez peu conventionnel, l'absence de détails dans les planches permet également au lecteur de se concentrer immédiatement sur les détails importants de l'histoire, et sur les différents personnages qui y participent. Le graphisme rend également ce manga incroyablement vivant et "réaliste", puisque finalement, le chara design s'éloigne au maximum des stéréotypes actuels, en donnant aux personnages une allure plus banale et classique. Enfin, il permet à l'auteur de dessiner une foule d'expressions faciales pour ses personnages, qui bien qu'hilarantes restent réalistes et non exagérées (contrairement à certains mangas comme GTO, où chaque expression est exagéré à l'extrème).
La mise en page manque de cohérence, et régulièrement, les cases se chevauchent, ce qui ne facilite pas la lecture, mais finalement, on s'y retrouve quand même.
Parlons maintenant des personnages, qui sont le deuxième point fort de la série: d'une certaine manière, leur banalité loin des stéréotypes fait toute leur originalité, et permet ainsi une fois de plus de rendre l'oeuvre réaliste en renouvelant l'intérêt. Cependant, chacun bénéficie d'un caractère parfaitement défini, qui évoluera plus ou moins au cours de la série, mais dont le contact avec des caractères plus ou moins opposés créera toujours des situations particulièrement cocasses et hilarantes. Comme cette série met en scène une bande de génies plus ou moins "dingues", les héros se permettent néanmoins régulièrement une touche de folie qui peut aller de la simple gaffe malencontreuse (mais aux résultats souvent désastreux pour les autres) au pètage de plombs total. L'impression qu'y s'en dégage est régulièrement que finalement, les personnages sont assez peu à leur place dans le Japon matérialiste qui sert de fond de scène, et que chacun cherche à s'en évader à sa manière; mention spéciale pour la gamine de 12 ans diplômée d'Harvard, dirigeante d'un grand groupe de fast food, qui crée le malaise de son entourage (surtout du héros) à chaque apparition de par son comportement plus mature que certains autres personnages.
Un détail intéressant est également que contrairement à la plupart des mangas, on s'intéresse finalement assez peu au passé des différent personnages (sauf pour deux d'entre eux où l'on aimerait quelques précisions, histoire de rire encore plus): chacun d'entre eux vit en effet au présent, et l'on s'interroge particulièrement sur leur avenir qui subit régulièrement des embruns, dont on se demande à chaque fois comment ils vont se sortir.
D'une manière générale, toutes la panoplie des émotions et caractères humains est représentée dans ce manga, que se soit l'empathie, l'arrogance, la souffrance, ou même la malhonnêteté, cela permet de n'avoir aucun personnage identique à un autre, et cela évite la multiplication des personnages secondaires (qui restent anecdotiques), puisque chacun a à un moment un rôle important à jouer dans l'évolution du scénario.
Tournons nous enfin vers le scénario: il commence classiquement avec un personnage dont le quotidien est bouleversé de manière assez brutale, mais très vite, on part sur une véritable enquète policière, dont le déroulement se fait à coup de manoeuvres financières, avec en décor principal le Japon des années 90 (on parle quand même d'une sortie prochaine de Windows 95...), juste après la crise économique. Cette période troublée permet de au mangaka de mettre en scène la vie des Japonais à cette époque, et plus précisément la vie en entreprise, où la course au pouvoir et les coups bas entre collègues sont les maîtres. De nombreux thème sont ainsi abordés comme la mise au banc par l'entreprise ou les camarades de classe, la société Japonaise misogyne et enfermèe dans ses à-priori. Comme dit dans le précédent paragraphe, chaque personnage fera évoluer ce scénario de par son caractère, et les coups de théâtre et l'humour omniprésent y doivent beaucoup.
Le problème est cependant qu'avec une trame scénaristique aussi riche et autant de personnages, l'action est très dense, et plusieurs problèmes doivent être gérés en même temps par les héros, ce qui peut rendre la lecture et la compréhension assez tendue si l'on n'est pas préparé; cela dit, si l'on arrive à passer outre ce détail, on passe un excellent moment à la lecture.
En conclusion, malgré un graphisme peu engageant au premier abord, TFC se révèle être un excellent manga, ainsi qu'une bonne fresque du Japon des années 90. Ses seuls défauts restent finalement sa mise en page qui manque de cohérence, et son scénario qui part (en apparence) dans tous les sens, et font de la lecture et la compréhension un vrai défi. Cela dit, je le conseille vivement à ceux qui seraient intéressés: en se mettant dans un endroit calme, il n'y a plus aucun problème. ;)