Titre phare du Weekly Shonen Jump depuis quelques années, The Promised Neverland (TPN) vient de tirer sa révérence. Toute personne s'intéressant aux mangas ne l'a pas nécessairement approché, mais en a forcément entendu parlé. Faut dire que l'histoire semblait assez enthousiasmante, pleine de promesses.
Pour ma part, c'est avec l'anime que j'ai commencé à vraiment m'intéresser à TPN. Et j'ai été très emballé, au point qu'il s'agit de l'une de mes séries préférées de l'année dernière. Ce huis clos haletant et plein de suspens m'a donné envie de connaître la suite. L'arc de l'évasion se termine au chapitre 37, et le manga en compte 181... autrement dit, ce n'était qu'une sorte d'introduction. J'avais hâte de savoir ce qui pourrait bien se passer ensuite, comment les mystères de ce monde seraient éclaircis.
Ces réponses seront peu à peu apportées et donneront corps à l'histoire. Je pense que l'univers aurait pu être davantage exploité, ne serait-ce que par exemple en introduisant une véritable carte de ce monde. Globalement, et c'est rare que je le dise, le manga aurait gagné à être plus long, il aurait dû développer plus certains points, certaines situations, certains personnages (Lambda 7214, Adam, Norman, Ayshe...).
Au lieu de ça, on a des ellipses parfois très longues et qui ne servent à rien d'autre qu'à accélérer le récit. Comme si l'auteur voulait rusher son histoire pour en arriver là où ça l'intéressait.
Le plus gros problème de TPN, c'est qu'au final il n'est pas ce qu'il prétendait être au départ. Vous cherchiez un manga où la réflexion prime sur l'action, où le suspens l'emporte sur tout le reste ? Eh bien TPN c'était peut-être ça au début, mais plus après.
À aucun moment, je n'ai retrouvé ce qui m'avait fait vibrer dans l'anime. Les diverses situations sont souvent très prévisibles, on s'attend à ce qui va se passer. Les adversaires font parfois n'importe quoi, et il y a par moment des incohérences assez gênantes (toute la partie à Goldy Pond n'est franchement pas crédible). L'arc final s'étiiiire de manière assez embarrassante : on se dit que c'est terminé, puis paf nouvelle péripétie, comme si l'auteur voulait finir, mais en même temps prolonger son œuvre.
Et puis il y a trop de moments où Kaiu Shirai insiste lourdement sur les liens familiaux de l'amour qui unissent nos personnages (du genre Emma et un gamin dont après 181 chapitres tu sais toujours pas qui c'est). Non, c'est pas comme ça qu'on peut s'attacher à eux. Les personnages secondaires sont souvent mal exploités, comme ceux de Goldy Pond. Il y en a trop. Musica, Sonju et Yuugo sortent quand même du lot.
J'ai trouvé qu'Emma prenait trop de place. Je me souviens que le trio était plus équilibré à ses débuts, mais là tout tourne autour d'Emma l'idéaliste, qui incarne une sorte de Jésus au féminin. Ray n'est plus que l'ombre de lui-même, seulement présent quand il faut réfléchir ou taper des méchants. Quant à Norman, je reste partagé sur le traitement de ce personnage.
Je n'aime pas trop les dessins, en particulier le chara-design (ça ne m'avait pourtant pas déplu dans l'anime). On peut mettre au crédit du dessinateur les scènes d'action, toujours lisibles, mais pour le reste, c'est moyen.
En fait, à partir du moment où on sort du huis clos, on entre dans autre chose. Jamais TPN ne parvient à égaler ce qu'il avait proposé à ses débuts, même en s'y efforçant. On a bien sûr plein de bons moments, mais rien d'aussi exaltant ou mémorable que les premiers chapitres. Et c'est bien eux qui ont fait toute la réputation du manga.
TPN est un manga sympathique, mais il ne mérite certainement pas d'être qualifié de successeur d'un Naruto. Au final, le titre n'a pas eu les épaules pour porter le poids de ses ambitions.