Tetsuya Toyada, voilà un nom qui m’était totalement inconnu avant de me lancer dans la lecture d’Undercurrent. A mi-chemin entre un Jiro Taniguchi et un Hideo Azuma, l’auteur nous offre un petit bijou qu’il faut savourer comme il se doit.
En parcourant les premiers chapitres, le regard est attiré par le trait sobre et académique qui s'adapte admirablement au propos : un dessin simple et épuré, des traits représentant à merveille les états d’âme d'une héroïne à laquelle on s'attache à travers ses pérégrinations, une histoire réfléchie et patiemment construite, un environnement réaliste et original, les qualitatifs manquent pour décrire la conception d’un one-shot dont certaines planches évoquent une symbolique très forte en rapport avec les thèmes abordés.
En 300 pages, l’auteur cumule tranche de vie, pittoresque, documentaire, dramatique, contemplatif… Introspection est cependant le maître mot pour désigner le parcours psychologique du personnage. Kanae n’en laisse rien paraître de primer abord mais est une femme de tempérament qui s’interroge sur les raisons qui ont poussé son mari à disparaître. Au fond le connaissait-elle vraiment? La disparition est un thème fort qui se trouve au centre de l’ouvrage. Ses ressorts et conséquences sur ses acteurs passifs, « ceux qui restent », sont très finement esquissés.
L’histoire profite aussi de caractères pour le moins excentriques en soutien des principaux protagonistes : le grand-père Sabu et le détective Yamazaki viennent apporter un peu de bonne humeur dans le tableau, contrastant avec le silencieux et étrange M. Hori, tout en contribuant fortement à rattacher les ficelles de l’histoire.
Undercurrent, c’est une quête personnelle entreprise par Kanae pour connaître la vérité sur la disparition de son mari. Mais cette quête prendra une tournure inattendue et lui fera réfléchir sur sa relation avec les autres et surtout, sur elle-même. Une œuvre qui touche juste et surprend le lecteur.