A première vue, un style graphique assez bizarre, des persos difformes à gros visages et tous petits yeux et une histoire fumée au cannabis.

Sauf que ce manga est un de mes gros coups de coeur.

L'histoire : le talent d'Iwaoka Hisae réside dans la construction d'une histoire particulièrement originale à travers le voyage d'une petite fille dans les rêves. Néanmoins, ici, pas de rebondissements surprenants, pas de prise de tête fantastique, pas de personnalité torturée aux sentiments déchirants. Juste des êtres normaux (enfin, plus ou moins) qu'on découvre peu à peu, sans se forcer, juste à travers des petits bouts de leurs vies. Malgré le rêve, c'est la normalité qui imprègne cette histoire et nous la fait savourer comme lorsqu'on regarde un vieux film blotti dans un canapé : c'est pas ce qu'on irait voir au cinéma, mais ça se savoure simplement par le fait de le faire là, maintenant, dans cet endroit. Bref, une histoire qui apprend à apprécier la vie dans tous ces petits côtés insignifiants.

Le graphisme : il est rare que je change autant de point de vue entre le début et la fin d'un manga. Au début, j'avoue, les graphismes ne m'attiraient pas plus que ça ; des persos que je voyais froids, sans expression, des trames en noir et blanc... Bref, pour ce genre de manga, vraiment pas ce qui se fait de mieux.

Mais... comme pour l'histoire, la magie opère : il ne faut pas s'arrêter aux apparences ni attendre trop et toute la minutie des détails apparaît. Les personnages deviennent incroyablement vivants et charismatiques, chacune de leurs expressions est un délice, tel un caramel qu'on déguste du bout des lèvres. Les trames s'adoucissent, on a des gris clairs, des gris foncés, des gris blancs, des gris noirs, tout se mélange et accompagne l'univers onirique et réel.

En conclusion, Yumenosoko est un petit bijou : pas un truc énorme et clinquant qui en met plein la vue, mais quelque chose qui en mets plein le coeur.

Depuis le début de ma critique, je cherchais le mot : simplicité, et qui fait mouche. C'est pourquoi je lui mets 10 voir 11, vive les ovnis de ce genre.