La première OST de Cowboy Bebop est essentiellement tournée vers les thèmes jazzy de cette série mythique. Cela dit, ce n'est pas un jazz difficile à appréhender, on est plutôt dans un style rétro des plus musicaux, donc facile à apprécier. Pas d'inquiétude, même le néophyte naviguera en terrain connu, d'autant plus que la plupart des thèmes sont très énergiques, et vous pourrez même chantonnez dessus si cela vous dit (essayez de chantonner du Keith Jarrett, vous comprendrez...).
Donc que nous offre cette OST ? Un début en fanfare avec la version longue de l'excellent générique d'opening, "tank". Globalement la première parole de cette piste illustre bien l'OST : "I think it's time to blow this scene ". Ce thème a tellement marqué les esprits que la radio Fréquence Jazz s'en est emparée pour en faire son jingle !
Des thèmes de la trempe de "Tank", il y en a un bon paquet, à la fois rapides dans le rythme et très entraînants :"Rush", l'excellent "Piano Black", l'un des meilleurs moments du disque, sans oublier deux thèmes indissociables de deux des séquences les plus endiablées de la série, à savoir le monumental "Too Good too Bad", qui illustre une séquence où Faye et Spike doivent sortir d'un tunnel au commande de leurs vaisseaux, tandis qu'un paquet de missiles les poursuivent, et le très drôle "Bad Dog no Biscuit", accompagnant la séquence où le chien Ein est poursuive par une horde de personnes voulant le kidnapper. Ce morceau est pour le moins iconoclaste, commençant de façon très jazzy pour virer pogo au bout d'une minute, une réussite !
Les autres thèmes sont moins énergiques, mais certains ne manquent pas de style, loin de là : le très bon "Cat Blues", entre hommage à la Panthère Rose et aux films de gangsters, ainsi que "Pot City". L'ambiance piano bar est aussi représentée, toute en mélancolie et en sonorités ouatées, avec "Cosmos" et "Space Lion", très long morceau de 7 minutes qui au bout de 3 mn vire peut-être un peu trop world music, avec son choeur et ses sonorités évoquant une Afrique de rêve.
Il ne faut pas oublier le morceau "Rain", qui n'est malheureusement pas l'original de l'épisode de la cathédrale, puisqu'ici c'est Steve Conte qui est au chant et pas Mai Yamane (ce morceau original se trouve sur l'OST du film, " Future Blues"). Quoi qu'il en soit, le morceau est très beau, l'un des autres "meilleurs" moments du disque, et c'est la seule chanson qu'on y trouve.
Enfin, la dernière veine musicale du CD, peut-être le moins facile d'accès, relève du genre western, avec des morceaux lents, beaucoup d'harmonica et des sonorités qui créent certes une excellente ambiance, entre Space Cowboys et l'Homme des Hautes Plaines, mais qui ont peut-être un peu de mal à s'écouter seules : "Digging my Potato", "Spokey Dokey". Pourtant, des morceaux eastwoodiens tels que "Felt Tip Pen" ou "Waltz for Zizi" méritent d'être écoutés au moins une fois, pour leur recherche et leur ambiance excellente.
Que dire, si ce n'est que cet album est un incontournable, peut-être un peu hétéroclite en fin de compte, entre western et jazz, mais pourtant à des années lumières de ce que l'on peut avoir en OST d'habitude : une fois encore, Yoko Kanno fait de la musique, là où les autres compositeurs font de l'accompagnement. Un très grand disque, un jalon dans l'histoire des OST de dessins animés !
