Commençons par dire que cette OST 2 est le maillon faible dans la famille Cowboy Bebop. Cependant, elle demeure malgré tout indispensable (!), parce qu'elle renferme une petite poignée de perles au milieu d'un paquet de babioles à la fois clinquantes et farfelues.
Commençons par ce qui déçoit : cette OST n'est absolument pas homogène, elle sert de fourre-tout où toutes les ambiances musicales implaçables sur un autre CD ont été jetées : je pense aux morceaux de 10 secondes servant à accompagner les cartons de pause au milieu des épisodes : "Vitamin A", "Vitamin B" et "Vitamin C", mais je pense aussi à quelques morceaux vraiment effroyables, tels que l'innommable "Live in Baghdad", un morceau de hard rock vraiment miteux sans aucune originalité, destinée à accompagner l'épisode "Heavy Metal Queen". Je soupçonne même les musiciens d'en avoir fait des tonnes volontairement, ambiance pastiche...
La chanson "American Money", très rigolote dans la série parce qu'elle accompagne l'émission télé des Bounty Hunters, dure tout de même une minute sur le CD, et c'est une gageure de l'écouter, malgré son ambiance vraiment très drôle.
On retrouve aussi des morceaux un peu western, mais nettement moins bons que dans l'OST 1 : "Forever Broke" en est un exemple. Le jazz lui-même est un peu décevant, avec "Gateway", qui fait vraiment trop penser à un mauvais film où jouerait Frank Sinatra, ou encore "The egg and you", reprise au piano du thème de l'OST 1 "The egg and I", mais ici on dirait un exercice de solfège, désolant... Et que dire de l'immonde, de l'affreux, de l'ignoble remix de "Tank !", à brûler au plus vite.
Le meilleur lui-même est franchement hétéroclite : une musique d'ambiance arabisante assez réussie, "Bindy", une chanson en français qui fait penser à du sous-Macross Plus, "Fantaisie Sign", d'autant plus que les paroles ont le défaut d'être compréhensibles pour une oreille française, et des erreurs telles que "dans ce monde cybernique" (sic) passent assez mal... Une autre chanson, "Cats on Mars", vraiment très drôle, en japonais, interprétée par l'actrice doublant Ed, et qui reflète parfaitement la personnalité "edienne" (autant vous dire que le titre reflète bien l'incongruité du morceau). Beaucoup de chansons donc, et il ne faut pas oublier "The Singing Sea", qui ne tient pas la comparaison avec les monuments de l'OST "Blue", en tentant de concurrencer la voix d'Armstrong, et "you make me cool", un Frank Sinatra post mortem qui s'écoute bien mais qui doit tout aux Seatbelts, parce que le chanteur, malheureusement, est nul. ELM aussi n'est pas trop mal, mais le côté R.Kelly époque troubadour sur Batman et Robin fait un peu ridicule...
Alors, pourquoi cette OST demeure-t-elle indispensable ? "Malheureusement", Mais Yamane nous livre une fois encore deux chansons parfaites, exceptionnelles : le décontracté et hilarant (pour les paroles) "Don't Bother None", qui reflète parfaitement la personalité de Spike. Ne vous laissez pas avoir par un début lent un peu trop country, le reste à la guitare sèche est fabuleux, accompagnant à merveille la vois rauque de Yamane. Cela dit, ce morceau est surpassé par "Want it all back", tout aussi drôle et très énergique, un morceau qui défoule et qui vous rend l'optimisme pour toute la journée. Encore un fois, les paroles valent le détour : c'est un amant éconduit qui réclame à son ancienne compagne tout ce qu'il lui a offert auparavant, un sommet de mufflerie jubilatoire, d'autant plus que c'est une femme qui interprète ce morceau à l'impolitesse jouissive. Enfin, il serait sacrilège d'oublier le splendide "Green Bird", dont le titre rappelle les Beatles, mais dont la musique onirique accompagne merveilleusement le flashback de Spike tandis qu'il tombe par la verrière de l'église. Splendide !
Que dire, une OST en dents de scie, le pire vaut 3, le meilleur vaut 6, mais les 3 morceaux que j'évoque en dernier à eux seuls rendent l'ensemble indispensable et valent un 10²... A vous de voir, mais il serait dommage de rater ça.
