Nous sommes ici en présence de l'un des disques les plus célèbres de l'histoire du dessin animé japonais, vénéré par toute une engeance d'artistes technoïdes, qui ne se sont pas privés de piller tant l'univers du film que les musiques de Kenji Kawai, pour le pire comme pour le meilleur.

De ces 11 pistes, et après avoir préalablement jeté l'immonde bonus track 100% pouilleux, on retient surtout l'excellence du compositeur à créer des ambiances par une instrumentation minimaliste. Evidemment, vous n'animerez pas vos soirées karaoké avec ce disque : "Ghosthack" pendant 5mn ne fait que dispenser des percussions savemment dosées, et il faut faire preuve de patience et d'obstination pour apprécier ce morceau à sa juste valeur.

Mais une fois familiarisé avec cet univers, avec ses bruits permanent en arrière-plan, et avec ses choeurs distordus, répétitifs et hypnotiques, il y a fort à parier que vous ne puissiez plus vous en passer. Ce disque reste de ce point de vue unique, personne n'a créé de musique d'ambiance qui atteigne ce niveau-là, et où le calme, et surtout le silence (étonnant quand on parle de musique), parviennent à susciter exactement les mêmes sentiments que face au film. A vrai dire, c'est la musique qui a fait Ghost in the Shell, et couper le son reviendrait à détruire l'oeuvre de Oshii.

Ecouter ce disque seul permet de mesurer à quel point l'art de Kawai est délicat, à quel point il ne force pas l'attention du spectateur, en se contentant d'apporter à l'image le support nécessaire qui lui manque naturellement. Pour cela, le compositeur excelle, et les pistes telles que "Vrtual Crime" ou "Puppetmaster" sont de ce point de vue de petits chefs-d'oeuvre d'humilité et de savoir-faire.

Ce n'est qu'après avoir mesuré la beauté de cette oeuvre que l'on peut aborder le pus beau morceau du disque, "Floating Museum" qui se divise en 3 phases, commençant comme tous les autres morceaux de façon très atmosphérique, pour s'élever un peu au bout de deux minutes, et laisser se déployer, vers la quatrième minute, des choeurs féminins : ce morceau correspond à la plus belle séquence du film, lorsque Kusanagi est seule sur une péniche avançant le long du canal à travers la ville.

Les choeurs, enfin, reviennent à trois reprises, et ce sont autant de chefs-d'oeuvre. Kawai a repris des chants traditionnels, a maintenu leur phrasé, pour les transposer dans un environnement qui, au fur et à mesure que le morceau progresse, s'enrichit perpétuellement de nouveaux effets sonors et musicaux. Le morceau "Reincarnation" est à ce titre splendide, car il laisse tout autant la parole aux choeurs qu'aux instruments.

Un disque majeur dans l'histoire des OST.