Le compositeur de l'anime Kare Kano n'est autre que Shiro Sagisu. Le monsieur responsable entre autre de l’immense musique présente dans Neon Genesis Evangelion.
Dès lors par où commencer ? Pas par lui justement car l’opening est de Fukuda Mai et s’intitule « Tenshi no Yubikiri », une mélodie incroyablement entraînante portée par une voix sans fioriture, qui ne tente pas d’en faire trop. Le titre résonne facilement dans la tête et on se prend à le fredonner avec un sentiment mélangé de joie et de plaisir, tout comme les images de l’opening qui ne manqueront pas de vous revenir la chanson est aérienne, nous invitant peu à peu à quitter le morne sol bétonné pour rejoindre ces personnages dans les cieux.
Je diviserais ensuite l’OST en deux types de musiques (sans ordre précis dans l’ordonnancement de celles-ci) : des rythmes d’un ton joyeux et galvanisant qui accompagnent principalement les moments amusants –ceux où le SD (Super Deformed) prédominent- de l’anime. Ainsi que des mélodies bien plus romantiques et dramatiques où le piano fait son travail.
Commençons alors par « Koremade no Arasuji » sorte de thème mélodique digne d’une fanfare humoristique où violons, tambours et cors se partagent le haut du tableau. Lui succède « Miyazawa Yukino I » avec des violons et un piano impérieux exigeant aux cuivres de démarrer à leur suite, bref la vanité de Yukino incarnée. Un morceau très plaisant, fin et en même temps plein de prestance et d’insistance. Il se poursuit d’ailleurs dans la même veine avec « Miyazawa Yukino II » sauf que cette fois ci le piano a disparu laissant place à un dialogue entre cors et cuivres. Dans « Hibi Heiwa » la mélodie ce fait plus douce, teintée d’espièglerie avec ces cordes de violons tantôt attaquées par l’archet tantôt pincées. On change de registre grâce à « Tenka Taihei » une musique que je qualifierais plutôt d’ambiance dans laquelle les percutions accompagnent une trompette virevoltante et pleine d’entrain. Pour terminer sur ce style de rythmique entraînante nous avons « Miyazawa-ikka » où l’on pourrait croire entendre les deux petites sœurs de Yukino sur un thème à la fois malicieux et enjoué secondé par un piano, des cuivres et des percutions très groovy.
Entrons dans une seconde partie à l’opposée de la première. Il s’exprimait avant une joie de vivre qui va se transformer en romance voir en drame. La première représentation en étant « Eshajouri » qui nous propose un piano en solo dans le début de la piste (comme souvent). Ce piano sait se faire pur et blanc en même temps que grave dans des sonorités plus basses. Il est plus loin rattrapé par un cuivre qui clame dans la nuit son existence afin de rejoindre le piano dans ses facéties. Dans « Arima Soichiro II » le piano qui démarre dans une clarté faite de répétitions très belles, est accompagné bien vite par des violons pour une apothéose lyrique qui retombera en un silence. Silence où le piano reprendra la mélodie précédente. Une piste très ambivalente, pleine de bonne humeur et de nostalgie à la fois comme seul Arima peut l’être. « Arima Soichiro I » emploie quant à elle un ton bien plus grave et triste où les violons se placent parfois admirablement en canon pour mieux sublimer la mélopée du piano. Un rythme plutôt répétitif que Sagisu utilise souvent dans les moments dépressifs. Il n’est d’ailleurs pas anodin que celui-ci fasse penser parfois à quelques compositions de Michael Nyman, particulièrement celles de « La leçon de piano ».
On passe à son penchant féminin avec « Miyazawa Yukino IV » qui débute par un violoncelle très sombre nous emmenant sur une fausse piste : les violons se placent ensuite en contrecoup par rapport à lui dans un thème plus clair complètement sublimé par une flûte étrange. Une mélodie là encore s’appuyant sur deux ressenties opposés, d’un côté l’hésitation et la peur de Yukino et de l’autre sa grande attirance incomprise (dans les premiers temps) pour Arima. Avec « Miyazawa Yukino V » c’est une très belle mélodie qui nous est offerte. Les notes graves et aiguës du piano se succèdent relayant avec force et insistance des tonalités anxieuses et pleines de doute. Les images des notes blanches et noires du piano entrant en résonance avec le noir et le blanc des croquis de l’anime.
C’est enfin avec « Ikki Ichie » que j’en terminerais. Sûrement une des plus belles mélodies jamais entendues, une des plus grande réussite de Sagisu. Les pulsations régulières, les répétitions de phrases parfois avec ou sans variations graduelles du piano rappellent à juste titre les plus belles compositions de l’école minimaliste. Le ton grave du piano ce muant en une douceur nostalgique d’une rare beauté. On pense alors à ce qu’à fait un certain Philip Glass dans ses « Metamorphosis pour piano » ou dans les « Madrush ». C’est que sur ces thématiques lentes, belles et répétées Sagisu ce hisse facilement au niveau des grands, la chose est à ce propos encore plus frappante dans les OST suivantes.
Bref une OST d’une grande qualité à écouter et à réécouter.
Le verdict tombe comme une évidence : 10/10