La bande originale de "Princesse Mononoke" constitue probablement l'un des sommets de la carrière de Joe Hisaishi. C'est ici la veine épique qui est privilégiée, et comme dans tout drame épique digne de ce nom, il ne s'agit pas de commencer dès la piste 1 par les morceaux les plus violents. "The Legend of Ashitaka" offre en ce sens une introduction parfaite, à la fois douce et mélodieuse, privilégiant la poésie se dégageant de toute légende, celle d'Ashitaka, en l'occurence. Hisaishi prend le temps de ménager le suspense, de développer chaque sentiment à l'oeuvre, sans chercher à se ruer directement sur l'aspect guerrier : Princesse Mononoke s'écoute comme on lit un roman, sans sauter les chapitres, de préférence.
Dès la piste 2 l'auditeur est plongé au coeur de l'intrigue, le rythme guerrier se déploie sans fausse note, tandis que le jeu des cordes nous détaille ce grouillement effrayant des parasites qui ont envahi le corps du dieu démon. Dès lors, les pistes calmes vont alterner avec les pistes plus animées, et l'on passe d'une ambiance champêtre, bucolique, à une ambiance plus sombre, celle des combats et des moments dramatiques.
Bien entendu, Hisaishi ne se répète jamais, et il ménage à plusieurs reprises de petites niches sonores, comme lors de l'exploration de la forêt du dieu-cerf, où le mystère et le décalage incongru des petits êtres la peuplant transparaît parfaitement. La chanson "The Tatara Women Work Song" arrive de même à point nommé pour délasser l'auditeur et pour varier le ton, sorte de pause chantée au milieu d'un disque purement instrumental. Les voix a capella y sont magnifiques, tant dans les choeurs que dans les couplets.
Malgré tout, aucune de ces excellentes pistes ne peuvent rivaliser avec les passages illustrant la folie des dieux prêts à décimer la terre : "The World of the Dead" 1 et 2 constituent le sommet épique de ce disque, où les cordes miment des voix démoniaques envahissant le monde des humains.
Entre épique et lyrique, Hisaishi parvient à l'équilibre parfait, à tel point que la musique, sans même le support des images, parvient à nous raconter une histoire parfaitement maîtrisée de bout en bout.
Un disque incontournable.