Blue Spring Ride – La bleuette de l’été
Quelques années après un Kimi no Todoke, Prod. I.G. remet le couvert avec cette nouvelle comédie romantique, adaptée d’un manga de Io SAKISAKA, plutôt populaire au Japon et publié en France chez Kana. Le pitch et les premières images m’avaient convaincu dans la longue litanie des nouveautés de la saison ; les premiers épisodes confirment ce bon pressentiment. Et si j’attends encore un peu avant de donner mon blanc-seing à la série, j’ai déjà eu droit à d’agréables surprises.
Mais résumons un peu le point de départ de Blue Spring Ride. Futaba est une jeune collégienne plutôt mignonne, intimidée par les garçons et assez isolée. En partie parce que ses camarades de classe sont jalouses de sa popularité, en partie parce qu’elle n’ose pas briser la glace avec elles. Futaba n’a pas vraiment d’ami(e)s. En revanche, elle tombe amoureuse d’un garçon pas fanfaron, Kou Tanaka. Elle se déclare presque mais le gamin lui pose un lapin à leur rendez-vous. Il a en fait déménagé.
Quelques années après, en seconde au lycée, Futaba a changé son image. Elle masque sa féminité, quitte à jouer le garçon manqué, et arrive à se rapprocher de deux filles de sa classe. Elle croise dans les couloirs Kou, désormais Mabuchi après le divorce de ses parents, et de retour en ville. Ce dernier devine rapidement que Futaba porte un masque et se moque de son hypocrisie.
La série part donc sur des pistes plutôt actuelles et intéressantes à traiter. D’une part, les faux-semblants à l’adolescence, le travail sur son image (souvent en décalage avec ce que l’on est véritablement) pour soigner sa popularité est presque une lapalissade. On pourrait même dire que ce trompe-l’œil est plus commun que le quiproquo de Sawako dans Kimi no Todoke. On se rend rapidement compte que ce mensonge pèse sur Futaba et en même temps, à force de jouer un rôle, on l’incarne et l’adolescente est devenue moins réservée que sa version plus jeune.
D’autre part, le divorce est aujourd’hui courant. Je pensais naïvement que le Japon était beaucoup moins touché que la France vu que le cas est rarement abordé en manganimation mais de fait, les cas de divorce au pays du soleil levant sont presque au niveau de ceux dans le pays de Voltaire. Il y a même plus de japonaises mères célibataires qu’en France. Ce n’est abordé que par de petites touches pour l’instant dans Blue Spring Ride mais on voit que le divorce de ses parents a marqué Kou comme c’est souvent le cas : perte de repères du noyau familial, question sur l’amour et le mal qu’on peut se faire, le tout alors qu’on se construit soi-même avec le passage à l’age adulte. Ce n’est pas un sujet facile et j’attends de découvrir le traitement qui en sera fait.
En somme, il est très facile de se prendre d’empathie pour les personnages : entre les problèmes de popularité et la question du divorce (un mariage sur deux en France), le spectateur pourra facilement s’identifier lui-même ou connaître des amis qui ont vécus l’une ou l’autre de ces situations.
La sympathie viendra aussi du dosage. Les comédies romantiques ont la grande difficulté de devoir jongler entre humour et émotion. Souvent, elles font le mauvais choix de privilégier seulement un des deux aspects, craignant que le comique rende une scène ridicule ou au contraire qu’on ne peut pas rire quand la tension dramatique est trop élevée. Or, à l’inverse, je trouve que les deux se renforcent l’une l’autre. Une situation comique placée au bon moment dans une situation tendue fait exploser la pression et perler au coin de l’œil la larme qu’on retenait. De même, la tension qui apparaît soudainement dans une séquence humoristique pourra nous saisir le cœur plus vivement que ne le ferait une musique appuyée au violon. C’est un travail d’équilibriste mais c’est dans une séquence marquante comme celle-là (comme l’épisode 7 de Kimi ni Todoke) que la série marquera la mémoire ou restera un simple divertissement de passage. Et si Blue Spring Ride n’hésite pas à dérider les zygomatiques à grand renfort de SD, ils se retiennent un peu et je trouve que la sauce entre la comédie et le drame n’a pas encore pris. Il fallait peut-être laisser le temps d’installer le groupe de protagonistes.
Cependant, il aurait été malhonnête de ne pas signaler cette exigence quand, pour le reste, la série alterne entre bons points et excellence. Le rythme notamment est une franche réussite. Là où les shojos ont une fâcheuse tendance à tourner autour du pot quand ce n’est pas du va-et-vient, ici dans Blue Spring Ride, on ne perd pas de temps. On voit rapidement l’évolution des personnages et de leurs relations. Ça ne veut pas dire qu’on n’a pas le droit à des non-dits qui feront le sel de la suite de la série, mais à aucun moment on ne trouve de scènes inutiles. C’était une condition nécessaire quand seuls douze épisodes sont pour l’instant prévus, le scénariste Tomoko KONPARU (Nadja) ne pouvait se permettre de perdre du temps.
L’emballage technique est à l’avenant. Si I.G ne s’est pas foulé avec l’animation (même pour une série de ce type c’est un peu dommage), les couleurs choisies sont mignonnes à souhait, les personnages expressifs pour le spectateur et la mise en scène soignée. Je me demandais ce que donnerait Ai YOSHIMURA pour une première aux manettes et c’est une réussite. Si la musique est pour l’instant discrète, l’opening est vraiment génial : au-delà de la qualité de la musique (qui vaut le détour à elle seule), le choix des images est particulièrement délicieux. Si quelqu’un connaît le réal’ de ce bout là, je suis preneur.
Bref, une comédie romantique qu’elle est prometteuse après des débuts vifs. On attendra logiquement encore un peu avant de savoir si elle fera date malgré les cris des fangirls mais vous auriez tort de passer à côté, même quand on est un mec drogué aux shonens sportifs.
7 commentaires
Ca me parait de la sacrée bonne came !!
Bon je dis ça, va falloir la motive de prendre du temps pour les regarder entre deux animes de tatannes et l’attaque des titans. Ca me parait tout propre, tout bien comme y faut quand même.
On ne pourrait pas mieux résumer la situation. Bel article, bel anime et vivement la suite, j’ai envie de dire :)
Un article pour l’anime Blue Spring Ride en tête d’affiche, Aflo-chan, je t’aime !
Effectivement, il s’agit là d’une excellente surprise qui, espérons-le, redonnera un second souffle aux adaptations shojo sur nos écrans. Tout dépendra de l’accueil au Japon, mais vu la popularité du manga et la fidélité de l’anime, j’ai bon espoir que ce dernier sera couronné de succès.
Comme tu le sais déjà, contrairement à toi, je ne regrette pas que le côté comique soit très léger et ne ruine pas l’ambiance plutôt orientée drame. Un travail d’équilibriste, certes, mais même là, cet équilibre ne va pas à tous les titres, autant c’est réussi dans un Lovely Complex qui est une comédie plutôt légère où c’est plus des histoires de cœur qu’une histoire de vie, autant ça serait assez malvenu dans une histoire telle qu’Ao Haru Ride qui a des propos bien plus sombres et s’intéresse plus en profondeur au drame fourvoyant qu’est l’adolescence et la reconstruction de soi à un âge ingrat après la survenue de tragédies. Sans être déprimant, le thème est assez sérieux et ne prête pas vraiment aux gags, ces derniers sont présents mais discrets, juste ce qu’il faut.
Si je devais jeter des fleurs au scénariste, pour ma part, ça ne serait pas de ne pas tourner autour du pot et de ne pas perdre de temps mais de respecter le support d’origine, l’adaptation est si fidèle qu’on pourrait dire qu’ils se sont contentés de colorer et animer les planches du manga (mis à part le chapitre 00 découpé à la hache), c’est plutôt la mangaka qu’il faut féliciter de ne pas tourner autour du pot et de faire avancer son histoire à un rythme soutenu (même que l’anime peut paraître lent en étirant un chapitre sur tout un épisode).
J’arrête de chipoter, article très complet et très pertinent, tu as trouvé les mots justes pour décrire ce début fort prometteur, bravo, ça devrait convaincre les plus réticents.
Franchement, merci d’exposer ainsi cette série, elle mérite d’être d’avantage suivie, même par des personnes n’ayant pas d’affinités avec le shojo. :)
Je suis tellement convaincue par les premiers épisodes que j’ai foncé lire le manga immédiatement. Cette série fais palpiter mon petit coeur !
J’avais commencer il y a longtemps le manga, et j’en était devenu accro ! Alors quand j’ai vu que il était sorti en version animé. Mon Dieu, j’étais trop heureuse ! Maintenant je patiente pour voir tous les épisodes qui vont sortis un à un. J’espère que je serais assez patiente pour attendre :)
J’ai pris le train en marche et je suis content de ne pas m’être laissé débarquer juste après le 1er épisode, que j’ai trouvé « lourdaud ». C’est seulement après en avoir consommé cinq d’une seule traite que j’ai fini par comprendre que je serais fidèle au rendez-vous de cette série. Je crois que l’introduction des personnages secondaires y est pour beaucoup et que ça m’a beaucoup influencé (par exemple Yuri et le grand frère de Kou peuvent apporter un quelque chose). Puis sans oublier qu’en cours de route j’ai noté un petit regain d’humour.
En ce qui concerne nos deux personnages principaux : je croyais que Kou serait un énième stéréotype de beau gosse ténébreux. Il n’en est rien, et il ne parle jamais pour rien dire. J’attends de voir ce qu’il a encore sous sa carapace, Quant à Futaba je trouvais que son personnage était caricatural, voir surjoué. Du tout, son naturel et sa spontanéité font mouche ! J’attends de la voir muer et s’épanouir complètement. N’en déplaise à certains détracteurs ces personnages sont très bien comme ils sont. Maintenant j’espère que la suite sera à la hauteur. ~
Et félicitations pour cet article. Il permet de se faire une bonne idée sur le démarrage de la série, les personnages, les thématiques etc. Tout ce qu’il faut savoir sur cette petite « bleuette » qui est en train de scintiller sous le ciel d’été de notre bonne vieille japanime. ;)