Japan Expo 2009 – Le petit Naruto attend sa maman à l’accueil

Depuis 10 ans maintenant, la Japan Expo est l’évènement incontournable en France en matière de convention sur les animes/mangas/jeux vidéo. Même si sa popularité fait aussi son impopularité, un tel rassemblement est toujours un moyen utile de prendre la température quant à l’engouement des Français pour la culture japonaise. Une partie du staff d’Anime-Kun était présent pour lui glisser le thermomètre dans la bouche. A noter que ce compte-rendu se base seulement sur le week-end et non sur les quatre jours du festival…

1- Etat des lieux

Aller à la Japan Expo, c’est une aventure à part entière. On se prépare psychologiquement à affronter la chaleur, les queues interminables, les transports en commun remplis de cosplayers, etc. Et nous y avons eu droit… en deux fois plus violent que prévu. Pour avoir lu Genshiken, j’ai eu l’impression que la fiction s’engouffrait le temps d’un week-end dans la réalité, et que j’étais tel Sasahara se déplaçant au Comiket avec ses amis. Se rendre au Parc des Expositions fut un véritable parcours du combattant (merci d’ailleurs à la personne qui a eu la brillante idée d’agresser un conducteur de RER), même si l’atmosphère était plutôt détendue.
Cette ambiance bon enfant a permis de supporter la chaleur et la file d’attente interminable jusqu’à l’entrée du festival (sauf si vous n’aviez pas acheté vos billets, là, paradoxalement, ça circulait beaucoup trop bien). En effet, c’était le moyen le plus efficace de commencer à partir à la chasse au cosplayer et de se faire une idée des tendances de cette année. De plus, saluons tout de même l’organisation de cette fameuse file d’attente qui, bien que longue et sinueuse, possédait une certaine fluidité.

Trois quarts d’heure plus tard, nous voici enfin dans le premier hall du Parc des Expositions. Deux choses sautent directement aux yeux : c’est grand et bourré de monde! La panique pourrait alors nous envahir… mais non! Pourquoi? Car l’atmosphère générale ne le permet pas. Déjà, l’impression de grandeur est vite eclipsée grâce aux différents plans accrochés un peu partout. Difficile donc de se perdre, les différentes zones étant facilement identifiables et parfaitement délimitées.
Ensuite, un peu comme dans la file d’attente, on sent que l’ensemble des personnes présentes n’est pas là pour se prendre la tête, mais clairement pour s’amuser. Pour preuve le nombre impressionnant de cosplayers/cosplayeuses et les hordes de gothic-lolitas toutes dents dehors. A cela s’ajoute les sympathiques, mais aussi très intrigants, « free huggers » qui parcourent les allées pour offrir des accolades viriles (intrigants parce qu’il faut avoir une certaine volonté pour faire un câlin à un Naruto barbu qui perd 2 litres de sueur à la minute sous sa parka orange… mais passons).

Donc malgré le monde et la chaleur, évoluer au sein de cette 10e Japan Expo n’était pas si difficile, pour peu que l’on ne soit pas agoraphobe ou allergique au tulle. Il est donc temps de jeter un oeil plus appuyé sur les différentes « zones » de la convention.

2- Les éditeurs pros : money money money

Commençons par la zone des éditeurs professionnels. Placés dès le premier virage après l’entrée, ils étaient intelligemment regroupés par thèmes (mangas, DVD…). On était donc accueillis par les stands de Dybex et Manga Distribution, dans lesquels des tonnes de coffrets à prix réduit (entre 10 et 30€ en fonction de l’âge de la série) nous attendaient à bras ouverts. Ce fut la première grande surprise de la convention, car les séries sont connues (Full Metal Panic!, Chrno Crusade, Slayers) et à des prix vraiment abordables!
En parallèle se côtoyaient les différents éditeurs de mangas, avec Ki-oon et ses sacs géants, Pika et ses petits badges, Kana et ses bandeaux Naruto, etc. Là par contre, on pouvait toujours courir pour avoir la moindre réduction. Donc hormis les goodies à deux balles (une gomme Fruits Basket… youpi!), il n’y avait pas de gros avantages à acheter ses mangas à la Japan. Etrangement, ce sont ces stands qui n’ont jamais dégorgé et où acheter le tome de Suzumiya Haruhi relevait du défi.

En plein milieu de tous ces manga-voraces trônaient quelques stands dédiés. Ça allait de Code Geass (fraîchement licencié en France) à Naruto (forcément), en passant par Nana (et ses jolis instruments) et CLAMP (bourré tout le samedi, impossible d’y pénétrer). Il y avait aussi un sympathique stand Square Enix qui exposait ses jolies (et chères) figurines de Final Fantasy et de Fullmetal Alchemist, ainsi qu’un stand Ankama, rempli de BD et de peluches Cha-Cha.

Pour conclure sur cette zone, il est clair que les éditeurs ont mis le paquet pour en mettre plein les yeux… et s’en mettre plein les poches. Les stands étaient grands, très bien mis en valeur, les produits s’étalaient à perte de vue, les prix étaient attractifs (les DVD seulement) : en gros, le paradis de l’otaku. Mais que l’on ne s’y trompe pas, bien que les cartes de crédit ont dû cracher des centaines d’euros dans ces stands professionnels, il leur fallait garder un peu de force pour la zone adjacente. A savoir, la zone goodies!

3 – Aah! My goodies!!

La zone goodies était clairement l’endroit le plus dangereux de la Japan Expo 2009! Dangereuse autant pour vous que pour votre porte-monnaie. Les exposants étaient nombreux (très nombreux), les acheteurs tout autant! Que ce soit samedi ou dimanche, le matin comme l’après-midi, cette zone n’a jamais désenflé. Obtenir un artbook CLAMP, un poster Yoko, une peluche Yoshi ou encore un sac à main Mokona, c’était affronter une marée humaine déchaînée!
Alors certes, cela s’est passé dans le calme, mais force est de constater que parcourir les différents stands fut difficile et éprouvant. Si certains articles étaient sur tous les étalages, il fallait parfois persévérer pour trouver la perle rare, quitte à faire la queue (encore). Par exemple, un stand où tous les mangas étaient à 3 € pièce a eu son petit succès, bien que la majorité ressortait les mains vides.

Le côté difficile de ce shopping olympique était qu’il fallait éviter de craquer dès le premier stand. Les prix pour un même article n’étant pas les mêmes d’un vendeur à l’autre, il fallait avoir le courage de parcourir l’ensemble de la zone, chiner, puis retourner là où l’affaire était la plus avantageuse. Exercice d’autant plus difficile lorsque l’on se souvient avoir vu quelque chose d’intéressant… il arrive de plus savoir où, le manque de signalétique sur les shops et la foule n’aidant pas.

Bref, si les plus fans de goodies pouvaient largement trouver leur bonheur (il y avait le choix à tous les niveaux), il fallait énormément de courage et d’endurance pour parcourir cette sorte de marché aux puces, sans oublier la chaleur et l’odeur de transpiration qui siégaient sans pudeur au coeur de cette zone. De plus, M. Porte-feuille se devait d’être encore une fois bien nourri si l’on voulait suivre un rythme d’achat qui semblait presque compulsif chez certains.

4- Zone fanzine : terre d’asile

Echappons-nous tant bien que mal de la zone pro/goodies pour reprendre notre souffle dans un lieu un peu moins fréquenté mais beaucoup plus calme : la zone fanzine. Passage obligé si on souhaite progresser plus loin dans la convention, les différents stands amateurs s’étendent à perte de vue, présentant différentes réalisations faites maison.

La variété était au rendez-vous et chacun pouvait y trouver son compte : des fan-arts très réalistes ou retranscrits dans un style plus personnel, des oeuvres originales parfois très pros… Le très bon côtoyait le moins bon et démontrait, encore une fois, l’engouement de notre pays pour la culture manga et jeux vidéo (des doujins étaient également présents). Bien qu’il fallait encore aligner les euros pour repartir avec un souvenir visuel ou autre, il s’agissait surtout d’une manière d’encourager ces artistes en herbe et de leur souhaiter bonne chance pour le reste du salon.

5- Quizz, musique & cosplay à gogo

Le coin fanzine franchi, un grand espace se présentait alors à nous. Véritable zone tampon du salon, elle disposait d’un grand box avec écran géant, dans lequel étaient diffusés des AMV et où se déroulaient des petits quizz de connaissance générale sur la culture anime et manga. A la fois amusant et intéressant, elle permettait de tester ses connaissances générales de sa passion… et parfois de découvrir qu’il y a toujours plus geek que soi.

Non loin de là, une grande scène nous servait des défilés de cosplays en non stop. La qualité était réellement au rendez-vous et certains costumes, que l’on adhère ou non au principe, forçait le respect de par leur sens du détail et leur ressemblance plus que frappante avec leur modèle. Ce podium était la meilleure zone pour flasher les différents cosplayers/cosplayeuses, que ce soit sur scène ou autour.

Un peu en retrait, en sortant légèrement du Parc des Expositions, il était possible de se diriger dans une énorme salle de concert qui accueillait des conventions, concerts de J-Pop et défilé de cosplays. Le son était de bonne qualité (à défaut de celle de la musique, mais comme on dit, chacun ses goûts) et la salle agréablement fraîche. Dans la même périphérie, quelques pièces discrètes (on a cherché) permettaient de s’époumoner au karaoké ou de mater quelques épisodes d’animes. Autant dire que cette partie de la convention était la plus appropriée pour faire une pause sans pour autant rester désoeuvré.

6- Joue avec moi!

Beaucoup pensent peut-être encore que la Japan Expo, ce n’est que mangas et animes. Ce serait oublier un autre loisir international et souvent de qualité lorsqu’il provient de l’archipel nippon : les jeux vidéo. Ces derniers étaient très présents dans le salon et répartis en deux grosses zones : à l’entrée et près de la salle de concert.

La première, visible dès le début et repérable grâce à un gros lapin crétin en hélium, comprenait bon nombre de merveilles pour un fan de jeux vidéo nippons comme moi. Un Sega Museum contenant de belles antiquités (dommage qu’aucun jeu n’était jouable), des vieilles bornes d’arcades (PacMan!) et des plus récentes (Tekken 6, Street Fighter IV) et pleins de consoles rétros sur des vieilles télés (Nes, SuperNes, Megadrive, PSOne…).
Non loin de là, on pouvait également jouer librement à des jeux de danse (avec les pieds ou les mains…), Guitar Hero, ou encore au nouveau One Piece sur Wii. Un véritable moment de détente, surtout que les bornes tournaient assez bien afin de ne pas trop attendre pour s’emmêler les pieds sur un DanceDance Revolution (que Konami vendait sur place à prix réduit… plus aucun n’était en stock dimanche).

A l’opposé s’étalait le monstrueux stand de Nintendo. Mon coeur de vieux fan de la firme n’a fait qu’un tour lorsque j’ai vu les jeux proposés : il s’agissait à 90% des jeux présentés à l’E3 de cette année (grande convention internationale sur les jeux vidéo qui a lieu tous les ans aux Etats-Unis). Nouveau Mario, nouveau Zelda, nouveau Kingdom Hearts… impossible de ne pas trouver son bonheur du côté des Nintendo DS, ainsi que du côté des démos Wii. Entre Resident Evil, le nouveau Final Fantasy et Mario Wii, la convivialité était au rendez-vous, le tout avec en fond des matchs en non-stop de Tatsumoko vs Capcom, le jeu de baston cross-over qui arrivera en Europe dans une version inédite.

En grand fan de jeux vidéo, j’ai été totalement charmé par cet aspect du salon. Du rétro, du récent, de la convivialité et peu d’attente pour tester les démos, absolument tout ce qu’il faut pour combler mon âme de gamer. Sans aucun doute la partie la mieux gérée et la plus satisfaisante du salon.

7- Ton argent tu dépenseras, le reste tu subiras

Nous avons désormais fait le tour du salon. Premier constat : pour se faire plaisir, il faut quand même aligner la monnaie (à l’exception des jeux vidéo). Mon budget Japan Expo ne dépassant pas la centaine d’euros (la moyenne des visiteurs tournait autour de 250 €, d’après les sources…), j’espérais me rabattre sur un autre aspect de la convention : les conférences et les dédicaces. En effet, cette 10e édition comptait bon nombre de guest stars, avec en tête de liste Natsuki TAKAYA (auteur de Fruits Baskets), Shinichirô WATANABE (Cowboy Bebop, Samurai Champloo) et CLAMP (qui fêtait au passage ses 20 ans d’existence).

On se dit en voyant tout ce beau monde (et encore, je ne les cite pas tous…) que l’on a vraiment de la chance de les voir tous réunis au même moment dans un même lieu. Mais la chance, il faut dans notre cas en avoir beaucoup… vraiment beaucoup! Tout simplement parce que pour approcher ce défilé de célébrités, on doit obtenir un bon de dédicace… par tirage au sort! Il fallait donc faire la queue pour mettre la main dans la boite (CLAMP) ou carrément acheter des mangas bien précis pour tenter sa chance (Natsuki Takaya).

Cette pratique, certes utile pour limiter l’effet de foule (et ça se comprend quant on voit comment sont certains fans hardcore…) a réellement freiné mon ardeur car je me voyais mal faire la queue pour obtenir (ou non) un bon puis, à nouveau, faire la queue pour obtenir ma signature. En clair, une pratique que seuls les fans aveugles pouvaient tenter, quitte à perdre du temps et attendre passivement pour voir leur idole. Pourtant admiratif des stars citées plus haut, j’ai pris mon mal en patience en me disant que je me rattraperai avec les conférences. Fatal error!

Les dites conventions étaient nombreuses et fort intéressantes (Bones, Gainax, CLAMP, Watanabe). Cependant, une chose sautait aux yeux en regardant le planning de plus près : il était techniquement impossible de tout faire. Déjà que les conventions se mordaient toutes la queue d’une heure, elles se trouvaient souvent à l’opposé dans le salon. Difficile donc de quitter une conférence avant la fin pour espérer rejoindre la suivante en cours…

Bref, un sérieux problème stratégique au niveau du planning qui m’a vraiment déçu. Résultat des courses, seulement une conférence à mon compteur, celle de CLAMP, puisque j’ai loupé celle de Gainax (merci M. l’agresseur du RER…), pas pu faire celle de Bones (qui mordait sur celle de CLAMP), ni celle de Watanabe (train à prendre et file d’attente décourageante). C’est donc un peu le gros nuage qui vient gâcher une belle journée ensoleillée et qui vous rappelle que célébrité ne rime vraiment pas avec accessibilité.

8- Bilan

Il m’est bien sûr impossible de parler de tout et j’ai forcément oublié des éléments de cette convention (les jeux japonais, les arts martiaux, le tunning (!!)…). Cependant, en deux jours, il était largement possible de faire le tour de l’ensemble des stands pour ensuite se diriger vers ses préférences personnelles.

Histoire de dresser un bilan de cette 10e Japan Expo, je dirais que j’ai été, en grande majorité, agréablement surpris. Si l’aspect financier, omniprésent, et les aberrations du planning des conventions auraient pu avoir raison de mon optimiste, force est d’admettre que passer ces deux jours dans le Parc des Expositions fut une expérience intéressante et amusante. L’ambiance bonne enfant avec les cosplayers tous les deux mètres, le fait d’être entre « fans », le grand choix en terme de marchandises et de jeux… tant d’éléments qui permettaient à n’importe quel passionné de trouver son compte et de passer un bon moment.

Le plus dur fut tout de même de supporter la chaleur étouffante du salon, l’impressionnante quantité de personnes, et les grands moments de solitude dans le métro lorsque tous vos semblables ne sont plus là (très beau mais un peu grand ce sac Ki-oon…). Mais d’un certaine manière, c’est un peu ça, être otaku en France…